Maroc Rabat vise 35 % d'électrification rurale à la fin 1999

Après avoir construit une usine de préfabrication de poteaux, Norélec (groupe Eiffage) travaille à la desserte de près de deux cents villages dans le nord du pays.

Le programme que s'est assigné l'Office national d'électricité (ONE), l'EDF marocain, est ambitieux. Sur la période qui va de 1997 à 2000, il a en effet prévu de procéder à l'électrification de mille cinq cents villages par an. En nombre de foyers, cela correspond à 100 000 unités. A ce rythme, le Maroc devrait atteindre un taux d'électrification de 35 % à la fin de cette année, et un taux de 100 % en 2010.

L'enjeu de l'électrification rurale est fondamental pour le roi Hassan II, qui déplore l'ampleur de l'exode rural dans son royaume, et souhaite encourager la production agricole.

Question financement, l'ONE intervient dans la plupart des projets sur ses fonds propres, mais des organismes internationaux viennent parfois lui prêter main forte : c'est par exemple le cas de l'Agence française pour le développement (AFD), par laquelle transite le soutien de la France. Notre pays est en effet le premier partenaire commercial du Maroc, occupant le premier rang des importateurs et des exportateurs. La France y est aussi le premier investisseur, avec 450 entreprises installées.

Norélec construit 1250 km de lignes électriques

Norélec, société du groupe Eiffage spécialisée dans l'électricité, s'est vu confier 15 % du programme annuel de l'ONE en 1998. Sa filiale Normalec a signé un contrat clés en main de 120 millions de francs (18,3 millions d'euros) financé à 70 % par l'Agence française de développement (AFD). Le marché consiste à électrifier, avant la fin août, 194 villages dans le nord-est du pays, de Kénitra à Oujda, en passant par Tetouan. Pour ce faire, Norélec a construit une usine de préfabrication pour réaliser 15 000 poteaux en béton. Avec 20 000 autres poteaux en bois, et 1 500 pylônes métalliques, l'entreprise déroule actuellement 800 km de lignes basse tension, et 450 km de lignes moyenne tension.

« Nous avons commencé par une phase d'études à partir de photos aériennes, dont le traitement numérique a permis d'établir des plans de réseaux, qui font ensuite l'objet d'une restitution informatique », explique Christophe Montélimard, responsable d'exploitation de Normalec. « La méthode s'avère satisfaisante, puisque nous sommes adjudicataire d'un marché d'études supplémentaires pour 500 villages, dans le cadre des appels d'offres internationaux que l'ONE publie par tranches d'environ 300 villages tous les deux mois. »

Une main-d'oeuvre et des matériaux locaux

Normalec a formé des bergers à la fabrication et à la manipulation du béton pour son usine, gage de bonnes relations avec les autorités locales. Entièrement démontable, ce site de préfabrication a été installé à proximité d'une rivière, qui fournit les agrégats et les sables ; le ciment est fourni par l'usine Lafarge de Meknès, tandis que les adjuvants et les aciers arrivent de France. L'usine fabrique en ce moment 64 poteaux/jour, et dans la campagne, la pose des poteaux progresse à une cadence quotidienne de 2,4 km.

Installé au Maroc depuis juillet 1997, à la signature des premiers contrats d'électrification, Normalec fait travailler 350 personnes sur l'ensemble de ses chantiers. Bénéficiant de ses centres de travaux dans les principales villes du nord, l'entreprise a désormais les yeux fixés sur plusieurs projets importants dans ce pays (voir encadré).

« Il faut cependant se méfier de l'impression de pays qui progresse rapidement », selon Thierry Wetzel, attaché commercial au poste d'expansion économique de l'ambassade de France, à Casablanca. « En réalité, le PIB croît en dents de scie, en fonction des aléas climatiques. Et le milieu rural demeure sous-développé : plus de 80 % de la population des campagnes n'est pas alphabétisée, on compte seulement quatre téléphones pour cent habitants, et l'infrastructure routière est très incomplète. »

CHIFFRES CLES DE NORELEC

Chiffre d'affaires 1998 : 1,716 milliard de francs, dont 11 % dans les DOM-TOM et 23 % à l'international.

Résultat net 1998 : 43 millions de francs.

Date de création : 1959 ; Norélec a intégré SAE en 1985, puis Eiffage en 1992.

Activités en 1998 : électricité industrielle (66 %), VRD et réseaux (25 %), lignes aériennes (18 %), postes de transformation (8 %), électronique (8 %), et divers, dont la signalisation ferroviaire.

PHOTO : L'usine de Normalec, située dans la province de Sidi Kacem, près de Fès, produit 64 poteaux en béton par jour, grâce à un parc de 82 moules.

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