Dans quel contexte s'inscrit votre projet ?
L'un des engagements d'Enedis est de réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 20 % d'ici à 2025, pour atteindre la neutralité carbone en 2050. L'an dernier, tous les acheteurs ont été formés au verdissement de leurs marchés. La direction des achats s'est emparée de cette thématique dans les appels d'offres de travaux, qui représentent 2,3 milliards d'euros par an. Il s'agit pour moitié de travaux souterrains sur les réseaux électriques, qui impliquent des opérations de déblaiement génératrices de déchets, mais aussi de GES à cause des engins utilisés.
Quelles actions ont été menées récemment pour rendre plus vertueux ces marchés de travaux ?
Quatre nouveaux critères d'attribution pour les travaux souterrains les plus émetteurs de carbone ont été mis en place. Deux concernent la réduction des GES. Des bonus de mieux-disance sont ainsi prévus en fonction des catégories de vignettes Crit'Air pour les véhicules légers, et en fonction de la norme Euro pour les camions. Les deux autres encouragent la réduction des déchets sur les chantiers en favorisant leur recyclage, et en réemployant les terres excavées. Ce dernier critère permet d'éviter de nombreux allers-retours de camions pour évacuer les déblais. On gagne en coût et en cadence.
Comment sont choisis les critères pour chaque marché, et quelle est leur pondération ?
La quinzaine de critères RSE que nous avons définis ne sont pas utilisés concomitamment et systématiquement pour les mêmes marchés. Nous les choisissons en fonction de la sensibilité des territoires à telle ou telle thématique. Bien sûr, ceux en lien avec la sécurité des personnes et des biens sont systématiques. Ceux relatifs aux GES ont été testés dans un premier temps dans un marché de la Ville de Paris. De même, à la demande de communes des Hauts-de-France et de Normandie qui souhaitaient des travaux plus propres, nous avons expérimenté les critères de tri et de réemploi des terres en lien avec les obligations locales des règlements de voirie.
Ces critères ont ensuite vocation à être généralisés, et d'autres seront prochainement proposés par un groupe de travail interne. En moyenne, la mieux-disance pèse pour 15 à 20 % dans l'attribution. Mais ce pourcentage pourra augmenter au fur et à mesure de l'acclimatation de nos prestataires à cet outil. Si ces critères de mieux-disance influent souvent sur le classement des offres, leur impact en matière de prix reste relativement modéré.
Comment avez-vous procédé pour faire connaître et accepter ces critères par les entreprises ?
Nous communiquons avec nos différentes plates-formes d'achats ainsi qu'avec les organisations professionnelles, et prenons le pouls de nos prestataires dans les différentes régions afin de placer le curseur au bon niveau. Il est très important de ne pas nous couper d'une partie de notre panel de prestataires, constitué pour moitié de PME et TPE.
Impossible de leur imposer d'avoir un parc d'engins 100 % électrique du jour au lendemain ! Pour le moment ces critères ne sont pas éliminatoires, l'idée est de laisser le temps à tout le monde de s'adapter. D'ailleurs, leur mise en place n'a pas eu d'impact sur le nombre de répondants à nos appels d'offres.
Etes-vous prêt à généraliser les critères environnementaux avant l'échéance de 2026 fixée par la loi Climat et résilience ?
Les acheteurs d'Enedis sont en phase avec cette obligation. Nous avons déjà pour objectif d'inclure au moins un critère RSE dans tous les appels d'offres d'un montant supérieur à 400 000 euros.