Le choc de l’offre voulu par le gouvernement pourrait avoir l’effet inverse sur le marché de la construction des maisons individuelles (CMI). C’est en tout cas ce que craignent les professionnels du secteur. « Après une année 2017 caractérisée par la reprise dans le secteur de la construction de maisons individuelles [140 000 ventes à prévoir pour 2017, contre 133 600 en 2016 et 111 800 en 2015], le projet de loi logement prévu pour 2018 risque d’enrayer la dynamique de la reprise », analyse Philippe Barreau, directeur régional Île-de-France chez Crédit Foncier, à l’occasion du séminaire technique organisé par le syndicat de constructeurs et aménageurs de la FFB (LCA-FFB).
Le Crédit Foncier craint que la réduction du prêt à taux zéro touche directement le marché des constructeurs de maisons individuelles (CMIstes), dont les ménages modestes sont une part importante de la clientèle. « Avec l’abaissement de la quotité de 40% à 20% pour le PTZ sur les territoires détendus, les CMIstes pourraient réaliser l’année prochaine 14 000 ventes de moins qu’en 2017 », alerte Philippe Barreau.
En effet, le PTZ reste largement distribué dans les zones avec une moindre tension du marché. Sur les 90 249 PTZ distribués en 2016, plus de la moitié l'ont été en zone détendue : 31 627 concernaient la zone C, et 16 148 la zone B2. « Le phénomène de baisse devrait s’observer dès septembre 2018 », prévoit Patrick Vandromme, président de LCA-FFB.
Du côté du dispositif Pinel, le Crédit Foncier anticipe un ralentissement de 8 000 ventes aux investisseurs sur l’année 2018. Quant à l’APL-Accession et sa potentielle suppression, le syndicat compte faire entendre sa voix. « Nous avons été les premiers sur le sujet. Tant que le projet de loi de finances n’est pas voté, l’APL-Accession a sa chance », martèle Patrick Vandromme.
Objectif pour la confédération : mettre en avant les problématiques des territoires détendus. « Nous sommes favorables à un choc de l’offre, mais il faut en même temps avoir une prise de conscience au niveau des zones B2 et C. La politique doit se mettre en œuvre partout », alerte Bernard Coloos, délégué général adjoint aux affaires économiques, financières et internationales de la Fédération Française du Bâtiment.