Le renforcement de la réglementation parasismique pour la maison individuelle (PSMI 92) encourage les fabricants de blocs de construction à adapter leurs produits. Notamment, elle n'autorise pas les maçonneries sans joints verticaux entre les éléments, alors que cette technique se développe dans le secteur de la maison individuelle. « Les fabricants de béton cellulaire se sont lancés les premiers dans des campagnes d'essais pour vérifier la tenue des joints », remarque Bruno Mesureur, responsable de l'expérimentation des structures au CSTB. Il s'agit notamment de Siporex-Hebel et de l'allemand Ytong. Ces fabricants, soutenus financièrement par leur syndicat, attendent les résultats pour obtenir un avis technique sur leurs systèmes respectifs de joints par clavettes.
« Lors de simulations par calcul informatique avec Socotec, nous avons observé une réduction de l'effort sismique de l'ordre de 30 % avec une construction en béton cellulaire par rapport aux systèmes traditionnels », explique Marc Gérard, ingénieur civil en construction de bâtiment chez Siporex. « Ce matériau présente un faible risque de fissure à l'inverse des bétons plus résistants », complète Bruno Mesureur. Ces résultats ont encouragé l'entreprise à aller plus loin. Avec le maître d'ouvrage Copag d'Avignon, Siporex a réalisé, en 1996, une construction parasismique à Gordes (Vaucluse), dans le cadre d'une procédure Atex.
Industrialiser le système de construction
Pour son système constructif, l'entreprise veut offrir une solution de montage clé en main. Elle a développé un mortier de haute résistance et haute adhérence qui permette de s'affranchir d'une dalle en béton armé pour les planchers. Pour l'ouvrabilité, l'entreprise voulait aussi que ce mortier possède une grande fluidité, avec très peu d'eau, et ne présente pas de décantation après la coulée. Mis au point avec le professeur Jean Leguet de l'école des Mines d'Alès, ce mortier a fait l'objet d'un brevet. Outre le ciment, il se compose de deux types de sables, siliceux et calcaires, à granulométrie choisie, avec des résines et fluidifiants en poudre. « Ces adjuvants ont été les plus délicats à concevoir, mais ils permettent de fournir au béton des joints de clavetage en sacs et prêts à mouiller », précise Marc Gérard.
De son côté, le système de clavetage assure le monolithisme des structures planchers ou parois verticales, pour la redistribution des efforts sismiques. Les blocs de béton cellulaire mis au point pour la construction parasismique possèdent des armatures internes en acier, ainsi que des trous pour le passage des filetages des chaînages et des rainures et feuillures spécifiques pour un emboîtement solidaire des blocs.