Elle était attendue depuis des années. La rénovation-restructuration du lycée Juliette-Récamier, dans le 2e arrondissement de Lyon (Rhône), est entrée dans sa phase opérationnelle il y a quelques mois. La région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a confié la maîtrise d'ouvrage déléguée du projet à la Société d'équipement et d'aménagement du Rhône et de Lyon (Serl) et sa conception à l'agence Archigroup (1), avait un objectif : celui de diviser par quatre les consommations énergétiques de ce bâtiment de 9 000 m² SU, datant des années 1960 et implanté dans un périmètre « ABF ».
L'équipe de maîtrise d'œuvre désignée en 2020 a apporté une réponse plus globale. « Nous allons certes isoler les combles et poser 20 cm de laine de roche en façade, refaire la toiture, changer l'ensemble des menuiseries et installer des brise- soleil sur les façades sud et est. Mais nous intervenons aussi pour donner un autre visage au lycée, sans le dénaturer et en conservant les éléments patrimoniaux », indiquent Thibaut Flavigny et Denys Léger, architectes associés de l'agence Archigroup.

Côté rue, l'entrée de l'établissement sera retravaillée, avec la création d'une extension en R + 1 de 550 m² surmontée d'une terrasse végétalisée non accessible aux élèves. Habillé d'une résille en tôle perforée couleur acajou, ce nouveau volume permettra à la fois de gagner des surfaces supplémentaires et de glisser une cage d'ascenseur (R + 6) et un escalier. Les tours situées à chaque extrémité du bâtiment en « L » seront elle aussi parées de cette maille traitée à la façon d'un moucharabieh. A l'intérieur, outre le réagencement des salles de classe et des espaces pour le personnel, les archives seront déplacées, une nouvelle cuisine verra le jour en rez-de-chaussée tandis qu'une chaufferie gaz investira le sous-sol. A l'extérieur, la cour sera réaménagée avec la pose d'un auvent suspendu.
Bâtiments modulaires. Technique par la nature des travaux engagés, cette opération se distingue aussi par la multitude de contraintes qu'elle cumule. A commencer par son emplacement. Sis en plein centre-ville, bordé d'un côté par la gare de Perrache et de l'autre par le quai Gailleton, très passant, l'établissement doit s'adapter le temps du chantier. L'entrée des élèves a été basculée à l'arrière du bâtiment côté quai, tandis que l'espace situé devant l'entrée principale s'est mué en zone d'approvisionnement.

La base vie a été installée le long de la rue Duhamel. « La rue de la Charité qui passe devant le lycée, déjà réduite à une voie, est désormais en sens unique. Nous avons également demandé l'autorisation d'inverser le sens de circulation de la rue Duhamel pour organiser le cheminement des camions de livraison », indique Thomas Déret, en charge du projet à la Serl. Une fois l'extension achevée, la zone de livraison - une bande de 10 m de largeur - laissera place à des bâtiments modulaires en R + 1 qui accueilleront, par rotation, les élèves et le personnel administratif à compter de la deuxième phase, lancée début 2025. Des modules de plain-pied seront également disposés dans la cour. Représentant plus de 1 100 m² et répondant à la RE 2020, ils ont été achetés par la région pour un montant de 2 M€. Ils seront ensuite redéployés sur d'autres opérations.
Pas de lots infructueux. Réalisé en 19 lots par 18 entreprises dont 16 locales, le chantier requiert une coordination fine. A la manœuvre, Arpège Ingénierie assure ce rôle de chef d'orchestre. « Nous n'avons pas eu de lots infructueux grâce au sourcing réalisé par l'OPC », souligne Thomas Déret. Sur ces marchés, les critères techniques étaient mieux valorisés que celui du prix. Les entreprises Reppelin (ITE), Ribière (gros œuvre), CPB (menuiserie extérieure), Côte (électricité), SKL (plomberie) et le groupement Chanel (mandataire)-Marion-Ribeiro (peinture, plaquiste, faux plafonds) sont les principaux attributaires. Le chantier, dont le coût de travaux s'élève à 21 M€ HT (32,5 M€ TDC), s'achèvera en décembre 2028.
« Faire accepter les nuisances aux occupants comme aux riverains », Romain Brun, chef de projet OPC, Arpège Ingénierie
« L'OPC a un rôle de chef d'orchestre qui met en musique la conception et les études des architectes et des bureaux d'études. Avec un objectif : celui de dégrader le moins possible la vie du bâtiment puisque ces travaux sont réalisés en site occupé pendant cinq ans.
Sur ce projet, tout l'enjeu consiste à bien évaluer les besoins de relogement des élèves et des personnels aux différentes étapes du chantier et de faire accepter les nuisances occasionnées aux occupants comme aux riverains. Une partie de mon travail se concentre en amont du chantier : lors des études, j'ai produit un document de 52 pages qui liste, phase par phase et niveau par niveau, les interventions des entreprises et le déroulé des travaux. Je suis également présent au quotidien sur le site, au contact des personnels de l'établissement, des entreprises, de la maîtrise d'œuvre comme de la maîtrise d'ouvrage, mais aussi des riverains et des commerçants ».
(1) Avec Cécile Rémond (architecte du patrimoine), Egis (BET tous corps d'état), BETR (cuisiniste), Ingégroup (économiste), Acoustb (acousticien), Bureau Veritas (bureau de contrôle), Novicap (SPS).