Lutter ou s'adapter ?

Erosion -

Sur la côte aquitaine, les communes adoptent différentes stratégies face à l'avancée de l'océan.

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Une érosion permanente, de 2,50 à 3 m par an : sur la côte aquitaine, l'océan menace les zones urbanisées. Si cette façade maritime est l'une des moins artificialisées de France, elle est aussi celle dont le trait de côte recule le plus. Pour concilier protection du littoral, développement économique et attractivité, les communes les plus exposées développent des stratégies à leur échelle.

A La Teste-de-Buch (Gironde), le bas de la plage de la Lagune, progressivement grignoté par l'océan en 2015, a disparu, ce qui a rendu inutilisables une partie du parking et une piste cyclable. Ces équipements ont pu être reconstruits un peu plus loin l'an dernier, mais 150 places de stationnement ont été définitivement perdues. Au Petit Nice, un peu plus au nord, la Ville avait créé en 2010 un poste de secours qu'elle avait dû reculer de 50 m en 2011, puis encore de 150 m trois ans plus tard… Idem pour l'aire de dépose de l'hélicoptère, qui a également dû s'éloigner. La Teste opte désormais pour des constructions modulaires ou en bois, déplaçables ou démontables.

Sauvegarder la dune. Avec Lacanau (Gironde) et Labenne (Landes), La Teste-de-Buch a participé à un appel à projets national sur la « relocalisation des activités et des biens », lancé en septembre 2012 par le ministère de l'Ecologie. Son dossier a été retenu, et des solutions vont donc être mises en œuvre. « A La Teste, trois des cinq campings au pied de la dune du Pyla sont menacés. Des sites sont à l'étude pour les relocaliser. Des solutions existent, mais il faut trouver du foncier », détaille le maire Jean-Jacques Eroles. Ce déménagement ne peut concerner les habitations en bord de mer, que protègent des perrés (murs de soutènement) en béton soumis à la houle et régulièrement réparés. La ville s'adapte donc d'un côté et lutte de l'autre, tentant de sauvegarder la dune par le biais d'aménagements. Les agents de l'Office national des forêts (ONF) la fixent afin de préserver son stock de sable. Ils plantent des oyats, végétaux qui poussent sur les terrains sablonneux, et installent et entretiennent les ganivelles (clôtures de piquets) qui retiennent le sable.

Grâce aux recherches du bureau d'études Sogreah (Société grenobloise d'études et d'applications hydrauliques), la commune de Capbreton (Landes) a opté pour une stratégie adaptée aux éléments naturels. « Le courant nord-sud dépose le sable des plages sud, urbaines, sur les plages nord. Ce sable va ensuite bloquer le chenal du Boucarot et menacer le lac d'Hossegor, ou se perdre dans le gouf [canyon sous-marin, NDLR] de Capbreton », explique Jean-Marie Marco, adjoint au maire chargé de l'environnement. Aussi, depuis 2007, la mairie a installé un by-pass hydraulique qui fonctionne grâce à un hydro-éjecteur utilisant l'eau claire sous pression pour désagréger les sables. Manipulé depuis une dragline, l'hydro-éjecteur extrait le sable sur les plages nord. Le mélange eau-sable est refoulé, à partir d'une station relais, vers les plages sud par une conduite enterrée sous le chenal et sous le boulevard du front de mer. Il est ensuite réparti sur chaque plage à l'aide de tuyaux flexibles branchés sur des bouches d'évacuation, puis étalé par des tractopelles. Cette installation a coûté 3,5 millions d'euros à la commune, et le montant de chaque campagne, entre mars et mai, s'élève à 300 000 euros. Pour 2017 et 2018, Eiffage est en charge de la partie électrique, et la société Seihe de l'hydraulique.

Ce système permet la consolidation du matelas de sable sur lequel repose la digue qui protège la ville, limite l'érosion des plages et préserve le chenal et le lac. « Les plages urbaines sont maintenues à un niveau haut, la digue est consolidée, et malgré ces prélèvements, nous avons encore du sable qui déborde », constate l'élu. Au point que la mairie envisage dès l'année prochaine de passer de 100 000 à 200 000 m3 de sable prélevés par an. « Aucun bâtiment ne risque d'être englouti avant trente ans », conclut Jean-Marie Marco.

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