Loyers: les professionnels s'inquiètent

A quelques heures de l'intervention du chef de l'Etat, les professionnels du logement s'inquiétaient d'un eventuel encadrement des loyers au nom de la défense du pouvoir d'achat.

La rumeur circule depuis jeudi dans le petit monde de l'immobilier. Vent debout contre une mesure de ce type, les professionnels s'interrogeaient sur son périmètre et sa durée. S'agirait-il de décrocher pendant deux ans la révision annuelle des baux en cours de l'Indice de référence des loyers dans le parc privé pour la limiter à la hausse des prix, comme cela se disait jeudi en fin d'après-midi? Toucherait-on aux autres loyers (la relocation)? Le parc social, déjà soumis à des recommandations préfectorales de modération, sera-t-il concerné par une disposition?

Quoiqu'il en soit, ce genre de mesure dans le privé, si elle était prise, "ne serait pas un bon signal donné à l'ensemble du marché", commente laconiquement Jean-François Gabilla, le président de la fédération des promoteurs. 47 à 48% des ventes de logements neufs sont faites dans le cadre de l'investissement défiscalisé et, entre 2003 et 2006, on estime à 200 000 le nombre de logements livrés à des investisseurs privés.

En marge d'une rencontre avec la presse, les responsables immobilier du Crédit Agricole observaient pour leur part qu'une telle disposition, si elle se confirmait, tomberait à un moment où l'on constate un retour des investisseurs institutionnels sur le logement (SCPI, assurances, foncières…)

Le professeur Michel Mouillart qualifie pour sa part la mesure d'"emblématique et facile mais inefficace économiquement". "Si on veut mobiliser l'épargne privée pour construire 500 000 logements par an et qu'on dit en même temps aux investisseurs "ne mettez pas votre argent dans ce placement car son rendement est bloqué", on est en pleine contradiction", note-t-il avant de remarquer que la disposition entraînerait une baisse de revenus pour les propriétaires, dont certains sont modestes. En revanche, l'Etat y tirerait un avantage: la modération des loyers ralentirait la hausse des aides à la personne.

La ministre du Logement, Christine Boutin, est consciente aussi des dangers de ce genre de mesure: "L’encadrement de l’ensemble des loyers n’est pas pertinent, tant il éloigne des logiques de fonctionnement du marché. Le risque principal serait un mouvement de retrait des propriétaires, qui ferait empirer la situation du marché locatif", répondait-elle mercredi devant l'Assemblée Nationale à Annick Lepetit.

FV

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