A Antibes (Alpes-Maritimes), les locataires des 16 logements sociaux construits au n° 4 de la rue d'Alger ont emménagé fin janvier. « J'ai hâte d'avoir leurs retours d'expérience dans cette résidence atypique », note Julie Hornus, responsable régionale chez Deltalia, le groupement d'intérêt économique (GIE) qui a assuré la maîtrise d'ouvrage de cette opération immobilière pour le bailleur Erilia. Car si les surfaces des appartements - des T2 et T3 - sont tout à fait classiques, les plans, eux, le sont beaucoup moins.
« L'Atelier EGR, agence d'architecture basée à Marseille, a proposé une distribution intérieure extraordinaire au sens propre du terme, qui optimise les espaces de vie, détaille Julie Hornus. Ici, pas de couloir, les habitants peuvent traverser toutes les pièces, y compris la salle de bains équipée d'un WC. La cuisine est ouverte sur deux salles où l'on peut choisir de manger, regarder la télé, jouer ou encore télétravailler. Cette disposition s'inscrit complètement dans l'air du temps en répondant aux usages souhaités aujourd'hui par les locataires. Nous espérons qu'ils apprécieront autant que nous l'innovation. »
Un espace des plus ordonnés. L'architecte Frédéric Einaudi, l'un des cogérants de l'Atelier EGR, verrait « hyperbien » ses trois filles zigzaguer dans ce type de logement, même si ça pourrait être « un gros bazar ». Mais c'est oublier l'espace dessiné qui est des plus ordonnés. Chaque pièce de l'habitation a ses limites matérialisées, au plafond, par les retombées de poutres en béton de la structure et, au sol, par une rangée de carrelage plus foncée que le reste. Les seuils sont marqués par des montants en bois brut lasuré. Seules les chambres et les salles de bains peuvent se clore. « Nous avons séquencé l'espace afin de créer, à l'intérieur, la perspective qui manquait à l'extérieur, explique Frédéric Einaudi. Et ça le rend visuellement plus vaste. » Les appartements les plus grands, traversants, bénéficient de jardinet, loggia ou terrasse côté cour. Pour rentrer chez eux, les locataires enchaînent aussi plusieurs séquences : un passage couvert, une courette, puis l'escalier ou l'ascenseur et, enfin, les coursives qui desservent trois logements par niveau (seulement deux au rez-de-chaussée et au dernier étage). Ce cheminement permet, selon le concepteur, d'assurer une transition lente et douce entre la rue et le domicile.
« Palais florentin ». L'Atelier EGR a également travaillé sur le rapport de la matière à la lumière. « Dans le sud de la France, la luminosité est intense et les ombres tranchantes, observe Frédéric Einaudi. C'est la raison pour laquelle la façade principale de notre bâtiment présente ce profil galbé. » A la mi-journée, le soleil révèle tout son relief. Il fait également ressortir sa couleur jaune, « à l'accent italien », remarque l'architecte. Le béton, teinté dans la masse et coulé in situ dans des moules transalpins, participe à l'inertie thermique de l'édifice et donc au confort de ses occupants. Les stores de protection solaire adoptent la même couleur « rouille » que les garde-corps métalliques, dont le dessin reproduit celui de la façade. « Cela peut paraître prétentieux, mais notre ambition sur cette réalisation était d'anoblir le logement social, confie Frédéric Einaudi, à l'image d'un palais florentin. »
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Erilia (GIE Deltalia).
Maîtrise d'œuvre : Atelier EGR, architectes (mandataire).
Entreprises : Avena (gros œuvre, VRD), SN Biese (électricité), ETE (étanchéité), France Alu (menuiserie extérieure), AB Azur (cloisons doublage, menuiserie intérieure), Metafer (serrurerie), Artech (peinture).
Surface : 930 m² SP.
Coût des travaux : 1,90 M€ HT.