Dans le paysage vallonné des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône), les habitations sont construites à flanc de colline. Les 27 logements, dont quatre maisons de ville, réalisés par l'agence d'architecture Zakarian-Navelet pour le bailleur social Logirem ne dérogent pas à cette règle imposée par le relief. Occupés depuis septembre dernier, ils s'inscrivent eux aussi dans la pente, en contrebas de l'église Notre-Dame de l'Assomption, édifiée au XIXe siècle sur un promontoire. Sur le terrain en lanière qui accueillait auparavant une école catholique se dresse aujourd'hui une enfilade de bâtiments en R + 1, R + 2 et R + 3. La partie la plus haute s'élève à l'angle de la Vieille route de la Gavotte et du chemin des Fraises.
L'accès aux logements s'effectue par une allée piétonne qui a été aménagée au pied du mur de soutènement de l'église. « Comme dans un village, nous voulions que les habitants rentrent chez eux par une ruelle, indique l'architecte Stanislas Zakarian. Une ruelle dans laquelle il y a un long banc où s'asseoir et discuter à l'ombre d'un arbre, et où les enfants peuvent jouer et faire du vélo. Fait rare en France, ce foncier privé est d'usage public. » Les appartements sont séparés des maisons par un double escalier permettant aux résidents de rallier à pied l'amont et l'aval du quartier. Mais le bailleur social a décidé de fermer le passage à l'extérieur pour le moment. « Nous allons d'abord voir comment les locataires vivent dans les lieux avant, s'ils le souhaitent, de les rouvrir », explique Séverine Roux, responsable du pôle Offre nouvelle chez Logirem.

Chaque foyer dispose d'une place de parking. Celui-ci, ventilé naturellement, vient s'adosser à la paroi rocheuse de la colline, renforcée par des moellons et des voiles de béton gris. Ces derniers constituent l'ensemble du socle de l'opération. Au-dessus, les façades des logements ont, elles aussi, été fabriquées avec du béton coulé en place, mais dans une teinte beige faisant écho aux pierres calcaires de l'église. « Notre résidence se voit, mais elle n'attire pas l'œil, apprécie Séverine Roux. Elle se fond dans le paysage. » Qu'ils logent dans un studio, un appartement de 2, 3 ou 4 pièces ou bien encore une maison, tous les habitants bénéficient d'une loggia. Leurs garde-corps diffèrent d'une façade à l'autre afin de s'adapter aux conditions d'ensoleillement du matin et de l'après-midi. Ainsi sont-ils formés, à l'est, d'une fine serrurerie en acier galvanisé et, à l'ouest, d'une épaisse paroi en béton. Des doubles portes-fenêtres en bois ouvrent sur cet espace privatif extérieur. Quant aux fenêtres, elles se composent d'une allège vitrée fixe et d'un ouvrant à la française, mis en valeur par un « tamponnage » dans le béton laissé brut de décoffrage.
« Nouvelle place publique ». Au-delà de l'architecture des logements, Stanislas Zakarian et Olivier Navelet ont souhaité recomposer l'espace urbain. « En recréant une limite claire, précisent-ils, le bâtiment transforme l'ancien parvis de l'église en une nouvelle place publique. Par son ordonnancement, la répétition de ses percements, l'unicité de son couronnement et de ses matériaux, la façade est réinterprète une grammaire architecturale commune aux places antiques ancrée dans notre mémoire collective. »
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage : Logirem.
Maîtrise d'œuvre : Zakarian-Navelet, architectes. BET : Bérim (TCE), Atelier Rouch (acousticien), Chemin critique (OPC).
Entreprises : Médiane (gros œuvre, étanchéité, menuiseries extérieures, serrurerie), SMS Multiservices (cloisons/doublages), Dacos (menuiseries intérieures), Jolisol (sols durs, faïence), Air O Therm (plomberie, chauffage, ventilation), EMC (électricité), Sogev (VRD).
Surface : 1 690 m² SP.
Coût des travaux : 3,40 M€ HT.