Alors que le Parlement a définitivement adopté, le 13 février, le projet de loi d'urgence pour Mayotte, la mobilisation des entreprises pour la réparation des dégâts causés par le cyclone Chido en décembre 2024 repousse d'autant les livraisons de la Société immobilière de Mayotte (SIM), le bailleur social historique de l'archipel. « Si les terrassements ont repris dans le nord, la majorité de nos partenaires sont mobilisés par la reconstruction de leurs propres bâtiments et d'autres destinés à reloger la population, observe Ahmed Ali Mondroha, directeur général de la filiale de CDC Habitat. Les chantiers neufs redémarreront dans un deuxième temps, au cours du premier semestre. Nous mettrons alors l'accent sur les opérations presque terminées pour donner une première réponse aux besoins, démultipliés par Chido. » Sous réserve d'une réorganisation rapide des entreprises, le bailleur table sur la mise en chantier de 600 logements cette année, dont 200 qui devaient l'être en décembre dernier.
L'année 2024 a été particulièrement difficile pour le BTP mahorais. « Des mouvements sociaux ont bloqué l'activité économique en janvier et février, provoquant une inflation inédite dans le secteur de la construction. Puis Chido a anéanti le peu que nous allions développer », regrette-t-il. La SIM n'a pas été épargnée avec une participation de 85 % de ses 125 salariés à une grève d'une semaine début février de la même année. Une mobilisation qui a débouché sur le versement d'une prime exceptionnelle de 2 500 euros et d'une allocation mensuelle de vie chère de 150 euros.
Densification. Le bailleur social a commencé 291 logements en 2023, dernière année de référence. Il déclare 35 chantiers en cours pour un total de 1 500 lots. Son objectif de production de 5 000 logements d'ici 2033 reste d'actualité. « Nous serons sans doute un peu plus ambitieux. Encore faut-il disposer de moyens financiers, de fonciers disponibles et trouver des entreprises. Ce qui est sûr, c'est que nous sommes outillés pour monter à 600 mises en chantier, voire plus, par an », affirme Ahmed Ali Mondroha qui prévoit d'actionner le levier de la densification. Et de préciser : « Sur des terrains qui nous appartiennent, nous pouvons passer de cinq maisons à du petit collectif de 20 ou 30 logements. » Un tiers de la production de la SIM est acquis en Vefa auprès de Colas Bâtiment, qui crée une société civile de construction vente à chaque opération, d'Ocidim, filiale de Vinci Construction, ou de promoteurs réunionnais.
Le premier bailleur social de Mayotte dispose d'un parc de 3 211 logements (1 595 sociaux, 107 intermédiaires et 1 509 libres) ainsi que 79 locaux d'activités ou commerciaux. « Quelque 20 % de notre patrimoine ont été sérieusement touchés, c'est-à-dire que les locataires ne peuvent plus occuper leur logement », confie Ahmed Ali Mondroha. Mayotte compte un autre bailleur social : Al'Ma. Créée en 2022, la filiale d'Action Logement compte livrer cette année ses premiers programmes.
