Logement : quand monumentalité rime avec habitabilité

Malgré sa taille colossale, cet immeuble bordelais de 214 appartements multiplie les petits gestes d'attention envers ses occupants.

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Située entre les voies ferrées de la gare de Bordeaux et la promenade des Cheminots, l'opération Canopée Saint-Germain comprend 214 logements sociaux : 174 en location et 40 en accession.

Cinq mystérieuses stèles marquent l'entrée des halls de l'immeuble de 214 logements que le bailleur social Domofrance a inauguré en février dernier, près de la gare de Bordeaux (Gironde). L'agence Cosa Architectures, qui en est l'auteure, y a gravé, non pas dans la pierre mais dans le béton, les grandes phases de développement urbain du morceau de ville au sein duquel le bâtiment de 16 393 m² est implanté. Les habitants peuvent ainsi comparer l'échelle de leur nouveau quartier, baptisé « Amédée Saint-Germain » et aménagé par Bordeaux Euratlantique, à celle des échoppes voisines, construites au XIXe siècle. La résidence adopte quasiment la dimension d'un pâté de ces maisons, avec ses 87,30 m de longueur et 51,70 m de largeur. Sauf qu'elle ne compte pas un seul niveau comme elles, mais onze.

« Prendre de la hauteur est compliqué dans cette ville basse. Toutefois, nous nous trouvons au bord de voies ferrées, sur une ancienne friche de la SNCF, où nous pouvions construire jusqu'en R + 10, explique Patrick Couvrand, directeur exécutif stratégie de l'immobilier chez Domofrance. C'est dense, c'est vrai, mais tous les appartements - 174 en locatif et 40 en accession - disposent d'un généreux espace extérieur - balcon, terrasse ou loggia - de 15 m² en moyenne. » L'architecte Benjamin Colboc, le « Co » de Cosa, et son associé Arnaud Sachet, le « Sa », ont répondu à leur manière à la question du « monumental » comme d'autres l'avaient fait avant eux dans le quartier. « Notre édifice, par sa taille, dialogue avec des bâtisses énormes et puissantes telle que la halle de la gare Saint-Jean, souligne Benjamin Colboc. Et il se voit à des kilomètres. Nous devions donc assumer sa monumentalité dans le paysage ferroviaire et en même temps l'adapter à de l'habitat. »

Rempart acoustique. Les concepteurs avaient une contrainte supplémentaire à gérer d'abord, celle d'intégrer un parking silo de 193 places au programme de logement. Ils se sont servis de cette superstructure en béton de cinq niveaux pour constituer un rempart acoustique et vibratoire vis-à-vis des trains qui circulent juste en face. L'intérieur est éclairé naturellement en façade grâce à des panneaux en verre profilé armé. En revanche, en cœur d'îlot, sa paroi minérale reste opaque. Cependant, elle disparaît progressivement en se recouvrant d'une végétation foisonnante. Celle-ci grimpe et redescend depuis les jardins plantés au pied et au sommet du parking silo, et qui sont visibles par la majeure partie des résidents.

Conçus par l'Atelier Volga Urbanisme & Paysage, les 1 270 m² d'espaces verts se ramifient sous trois immenses porches hauts de quatre étages. Seuls deux d'entre eux donnent accès au site, le troisième connecte visuellement le jardin central à celui de l'immeuble tertiaire voisin. Une quatrième percée, de même ampleur, traverse la façade longeant la promenade des Cheminots. S'y abrite au 5e étage une terrasse commune. Toutes ces « fenêtres urbaines », comme les qualifient les architectes, ont pour objectif d'alléger la masse bâtie et d'offrir aux habitants une multitude d'orientations et de vues. Structurellement, les cofondateurs de l'agence Cosa décrivent le bâtiment comme « une série de plots reliés par des ponts d'habitations ».

Aux balcons des appartements, ils ont greffé des « pilastres de moucharabiehs ». Ces éléments ajourés en béton préfabriqué, réalisés par l'entreprise Lagarrigue, forment des recoins d'intimité où il est possible de déjeuner ou de se reposer à l'abri des regards. Certains y masquent leur linge en train de sécher sur l'étendoir ou bien y rangent leurs baskets à l'air libre. Pratique ! Le même procédé a été appliqué le long des coursives qui desservent les appartements du côté des voies ferrées. Là aussi, les claustras jouent le rôle de filtre visuel et acoustique. « C'est donc ainsi, entre intimité et monumentalité, entre cadre domestique et infrastructure, entre quartier et territoire, que cette architecture se décline », conclut - lyrique - le duo de Cosa.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : Domofrance.

Aménageur : Bordeaux Euratlantique.

Maîtrise d'œuvre : Cosa (architecte). BET : 3J Technologies (structure), Nicolas Ingénieries (fluides, thermique, ingénierie environnementale), Jean-Paul Lamoureux (acoustique), Atelier Volga Urbanisme & Paysage (paysage), Execo (économie), Alto Step (VRD).

Bureau de contrôle : Socotec.

Coordonnateur SPS : Dekra.

Entreprise générale : Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest.

Surface : 16 393 m² SP.

Coût des travaux : 29,76 M€ HT.

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