Logement : Poste restante

L'ancien centre de tri Magenta, imposant vestige industriel des années 1960, a été métamorphosé par les architectes Naud & Poux pour accueillir 83 appartements.

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Volontiers monumental, l'imposant centre de tri postal Magenta, construit en 1965, accueillait, avant restructuration, une dizaine de logements pour ses employés. Il en compte désormais 83, dont 35 sociaux.

A un jet de pierre de la gare de l'Est (Paris Xe ), le square Alban-Satragne et ses alentours, soit l'ancien clos Saint-Lazare, sont chargés d'histoire. Une léproserie s'y installa au XIIe siècle, une prison pour femmes lui succéda au XVIIIe … C'est là encore qu'un mastodonte de brique, de pierre et de béton armé surgît en 1965 pour accueillir, plus de cinquante années durant, un centre de tri des PTT, ainsi que des logements destinés aux valeureux postiers qui y étaient affectés.

Signé de Jean-Baptiste Mathon (1893-1971), Grand Prix de Rome et architecte des bâtiments civils et palais nationaux, l'édifice voit progressivement son activité s'étioler avec le désamour croissant pour le courrier papier… Les postiers finissent par quitter le vaisseau dont la vaste carcasse abritera, pendant quatre ans, un centre d'hébergement d'urgence pour l'association Aurore. « On essaie de mettre à disposition nos bâtiments pour ce type de structure le temps des études, lancées ici en 2018 », explique Camille Gehin, directrice générale adjointe de La Poste Immobilier, maître d'ouvrage de l'opération. Inauguré mi-janvier 2025 après deux ans et demi de chantier, l'édifice restructuré abrite désormais 83 logements, en plus d'un espace de cowor-king en R + 1 et R + 2 et d'installations logistiques pour la livraison décarbonée du dernier kilomètre. Sans oublier 46 places de parking pour les résidents et, tout de même… un bureau de poste en rez-de-chaussée. Un local « mobilités douces » complète le tout, « pour éviter d'entreposer vélos et trottinettes sur les balcons », fait valoir Luc Poux, architecte associé de l'agence parisienne Naud & Poux, lauréate de la consultation de maîtrise d'œuvre.

Respect de l'existant. « C'est un projet attentif à l'existant, en phase avec son environnement proche et les enjeux sociétaux contemporains, tient à souligner Camille Gehin. Une réalisation remarquable et techniquement complexe qui illustre notre volonté de privilégier la restructuration, le changement d'usage et la réhabilitation plutôt que le cycle démolition/construction ». Cette attention portée à l'existant ne procède pas de rien, ainsi que fait valoir l'architecte Elizabeth Naud : « Notre parti pris se justifie par les qualités architecturales et constructives d'origine du bâtiment, qui portait en lui tout un potentiel d'évolution et d'adaptabilité, propre à toutes les constructions intelligemment pensées ». Et Luc Poux de compléter : « Notre approche repose toujours sur un regard très respectueux vis-à-vis de l'œuvre architecturale existante et sur une analyse approfondie du “déjà-là”, pour une intervention quasi chirurgicale ».

Les acteurs de cette reconversion ont obtenu, par dérogation, d'aller ici au-delà des dispositions du PLU en matière de logements sociaux, eu égard à l'importance, pour La Poste, d'héberger ses employés en centre-ville. In fine, du T1 au T5, 35 logements sociaux sont gérés par Toit et Joie, bailleur du groupe, tandis que 48 logements locatifs libres ont fait l'objet d'une Vefa pour la Caisse des dépôts. Un petit bâtiment neuf en R + 4, dit « immeuble-villa », prend place sur l'aile ouest, lequel a contribué à la rentabilité de l'opération.

Micro-forêt en toiture. Côté appartements, tous sont traversants, nord-sud ou est-ouest, chacun d'eux disposant d'une terrasse ou d'un balcon. « Même organisation, même fonctionnement et même qualité d'usage », tel était le credo des architectes qui avaient à cœur de ne marquer « aucune différence entre locatif social et privé », souligne Elizabeth Naud. Celle-ci concède que « seules quelques petites variations de prestations » viennent distinguer les deux types de logements.

La biophilie très en vogue n'est pas oubliée. Le bâtiment accueille, en toiture, plus de 500 m² d'une micro-forêt de comestibles et de petits potagers gérés par l'association Cultures en ville, lauréate de l'appel à projets Parisculteurs, comme autant de verdure pour venir tempérer les îlots de chaleur urbains. Et offrir aux résidents un belvédère panoramique végétalisé bienvenu sur la capitale.

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Informations techniques

Maîtrise d'ouvrage : La Poste Immobilier.

Maîtrise d'œuvre : Elizabeth Naud & Luc Poux, architectes (mandataire) ; Denis Dodeman, ACMH.

Maîtrise d'œuvre d'exécution : Essor. BET : Atelier Franck Boutté (HQE), Impact Acoustic (acoustique), Mizrahi (structure, fluides, VRD), Sfica (structure, fluides, économie).

Entreprise générale : Paris-Ouest Construction.

Surface : 7 637 m² SP.

Coût d'opération : n.c.

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