Locaux d'activités : les usines gigognes réveillent le patrimoine

Près de Paris, une friche industrielle réhabilitée va accueillir des entreprises de l'écoconstruction. Réadapté à la production, le lieu a su valoriser les traces de son passé.

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Plan du rez-de-chaussée. En plus des ateliers, un showroom et un restaurant ont été aménagés.

De son passé ouvrier, l'ancien faubourg des Quatre-Chemins à Pantin (Seine-Saint-Denis) garde des traces. Dans ce secteur voué à devenir un écoquartier, mettre sous cloche ce qu'il reste de patrimoine industriel pouvait être tentant. Rue Denis-Papin, une ancienne usine du début du XXe siècle a su conserver sa fonction d'outil de travail. Tout en respectant ses caractéristiques historiques, sa réhabiltiation a été pensée pour permettre l'accueil d'entreprises spécialisées dans l'écoconstruction.

Propriétaire de cette friche, l'établissement public territorial Est Ensemble avait lancé en 2016 un appel d'offres pour recruter l'équipe capable de mener ce projet de « Cité de l'écohabiter » à moindre coût et d'en assurer les maîtrises d'ouvrage et d'œuvre, ainsi que la gestion future. Désignés lauréats, la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP) - bailleur social de la capitale qui développe également des lieux d'activités -, la Caisse des dépôts et l'agence d'architecture Block ont livré en novembre dernier cet ensemble réunissant une pépinière et un hôtel d'entreprises.

« Hangar contenant un hangar ». Le site doit faciliter l'installation en première couronne parisienne de structures émergentes, œuvrant sur les matériaux biodégradables, la construction en terre crue ou encore la transformation de déchets urbains. En plus d'être accessibles à des loyers modérés, les surfaces qui seront mises à leur disposition sont adaptées au travail artisanal ou à de la petite industrie. Pour cela, l'ancienne usine constituée de vastes halles contiguës a d'abord été débarrassée des ajouts parasites accumulés au fil du temps. « Tout l'intérêt du projet a été de retrouver les volumes et surtout la grande hauteur afin de créer des ateliers sous toiture », explique Mylène Barré, cheffe du projet pour la RIVP. L'agence Block a en effet conçu des installations gigognes, et la halle Papin est devenue « un hangar contenant un hangar », notent les architectes Denis Brillet et Benoît Fillon.

Hors d'eau. Les deux concepteurs soulignent « la dimension invisible du projet » : les espaces de circulations, notamment autour du volume central, apparaissent de prime abord comme des rues intérieures. « Grâce à la verrière, elles sont hors d'eau, confirment-ils. En revanche, cette toiture n'est pas complètement close et les lieux ne sont pas hors d'air. L'enveloppe des ateliers est donc considérée comme une façade extérieure, qui n'a pas besoin d'être coupe-feu. » Cette interprétation fine de la réglementation incendie a permis de réduire les coûts de construction. Mais aussi d'augmenter les surfaces vitrées des ateliers et de garantir leur meilleur éclairement.

Ces architectures de métal et de verre dégagent une esthétique utilitaire « mais notre projet reposait aussi sur une approche muséale », rappellent les deux architectes. Les éléments patrimoniaux qui pouvaient l'être ont été conservés et complétés là où ils faisaient défaut. Sur cette base, Block a imaginé ses ajouts de manière à composer « une reconstitution de ce qu'aurait pu être le bâtiment ». Ainsi, plutôt que de souligner l'allongement du bâtiment d'accueil et de bureaux sur la rue Denis-Papin par des extensions ostensiblement contemporaines, Block a repris le vocabulaire de la façade de brique d'origine. Loin de l'idée du pastiche, Denis Brillet et Benoît Fillon entendent cependant que « la démarche architecturale soit transparente ». Au centre du corps de bâtiment, la brique historique est essentiellement rouge et ornée de modénature. Mais de part et d'autre, les nouvelles façades sont d'un sobre beige.

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Informations techniques

  • Maîtrise d'ouvrage : SAS Les Ateliers Diderot (Régie immobilière de la Ville de Paris et Caisse des dépôts) ; maîtrise d'ouvrage déléguée : RIVP.
  • Maîtrise d'œuvre : Block (architecte, mandataire). BET : Sibat (TCE), Via Sonora (acoustique), D'Ici là (paysage).
  • Entreprises générales : Design & Build, groupe Briand (bâtiment), Jean Lefebvre (espaces verts).
  • Surfaces : 4 900 m² SP + 900 m² de rues intérieures.
  • Coût des travaux : 9,8 M€ HT.
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