« Depuis plusieurs années nous avons l’habitude de travailler étroitement avec les promoteurs. Ce dialogue de confiance nous a permis de développer avec eux les clauses de ce pacte bas carbone qui va bien au-delà des exigences réglementaires. L’objectif est de réussir à déployer des solutions bas carbone à grande échelle et de façon systématique », résume Audrey Linkenheld, première adjointe à la maire de Lille, déléguée à la transition écologique et au développement soutenable.
Ont signé le pacte 36 promoteurs, 13 bailleurs, trois aménageurs, 30 architectes, sept bureaux d’études et paysagistes, 14 autres partenaires et l’entreprise de construction Rabot Dutilleul.
Associés au CSTB, promoteurs, bailleurs et aménageurs ont participé à la rédaction des grilles d’engagements réparties en six catégories (énergie et eau, matériaux bas carbone et économie circulaire, nature, biodiversité et agriculture urbaine, adaptation au changement climatique, mobilité durable, bien-être des habitants).
En plus du CSTB, la Ville s’est appuyée sur le groupe de travail européen Moloc (Morphologies Low Carbon) pour réaliser cette vision partagée sur l’urbanisme bas carbone.
Atteindre un niveau de performance énergétique supérieur à la réglementation, végétaliser toutes les toitures-terrasses, réaliser un schéma des mobilités à l’échelle de l’opération, incorporer un matériau régional, donner la possibilité d’une réversibilité des parkings, ou récupérer l’eau de pluie pour arroser les espaces verts sont quelques-unes des 90 exigences socles qui s’appliqueront désormais de manière systématique aux opérations.
Vingt-quatre exigences avancées
Couvrir a minima 60 % des consommations par des énergies renouvelables ou de récupération, incorporer au bâtiment a minima 18 kg/m2 SP de matériaux biosourcés, privilégier la rénovation en conservant une part significative du bâti, installer un système de détection des fuites d’eau, mettre en œuvre des mares écologiques ou des services de mobilité partagée... « Les partenaires ont choisi au moins quatre mesures parmi 24 exigences "avancées" », ajoute Audrey Linkenheld.
Le pacte prévoit par ailleurs un suivi, par la Ville, d’indicateurs consolidés permettant de mesurer le gain carbone réalisé et un partage des résultats chaque année avec le club Lille bas carbone, réunissant les signataires du pacte. La Ville de Lille s’engage par ailleurs à s’appliquer à elle-même ce pacte en portant les exigences à l’ensemble des projets qu’elle porte en maîtrise d’ouvrage directe ou déléguée.
« Nous sommes fiers de montrer par ces engagements que les promoteurs sont des gens responsables. Le nouveau président de la FPI, Pascal Boulanger, qui a fait récemment le tour des régions de France a souligné la qualité du dialogue et de l’écoute qui existe entre les différents acteurs de la construction dans la région Hauts-de-France. Et ce pacte n’est qu’un début, c’est toute une filière qui doit se construire en région pour pouvoir construire bas carbone », s’est félicité le président de la FPI des Hauts-de-France, Philippe Depasse avant la signature, sans oublier de souligner qu’il fallait cependant que la Ville reste vigilante afin que ces mesures n’entraînent pas une augmentation de la durée d’obtention des permis.
Fabienne Duwez, directrice de la SEM Soreli et de la SPL Euralille a précisé : « Cette démarche est l’aboutissement d’un long travail mais ce qui nous attend va demander encore beaucoup d’énergie. Les aménageurs seront là pour vous accompagner ».
Tremplin pour le PLU intercommunal
Également vice-présidente en charge du climat à la Métropole européenne de Lille ; Audrey Linkenheld a ajouté que ce pacte, qui vient décliner localement le Plan Climat Air Energie territorial (PCAET) adopté en février 2021 par la MEL préfigure les modifications qui seront effectives dans le PLU intercommunal lors de sa révision en 2023, grâce aux orientations d’aménagement et de programmation (OAP) qui y seront ajoutées.
« Le travail collaboratif exemplaire mené à Lille via un dialogue de confiance va nous permettre de prendre de l’avance sur ce combat inéluctable. Il s’agit notamment d’optimiser l’usage des fonciers tout en gardant du logement abordable », s’est félicitée Martine Aubry, maire de Lille.