Les aires marines protégées occuperont une place majeure, dans les débats de l’Unoc 3. A quoi servent-elles ?
Comme leur nom l’indique, à protéger les écosystèmes marins, dans le grand large comme le long des côtes. Mais il faut bien reconnaître que plusieurs pays, dont la France et les Etats-Unis, accumulent les km2 qui bénéficient d’une protection officielle, sans apporter aucun moyen, ni plan de gestion ou dispositif de surveillance. C’est ce qu’on appelle des AMP de papier ! En France, les préfets maritimes gardent toute latitude pour y autoriser des pratiques incompatibles avec une réelle protection.
Considérez-vous l’éolien offshore comme contradictoire avec le statut d’aire marine protégée ?
Il y a un débat sur ce sujet, en particulier dans la Manche qui n’offre plus beaucoup de place. Pas plus que pour la pêche, je ne répondrai par blanc ou noir. Certes, le bruit du chantier dérange la faune, mais en phase d’exploitation, les scientifiques détectent peu d’impacts. Les baleines reviennent aux abords des installations.
Au-delà de la protection, que peut-on attendre de la régénération ?
Nous sommes arrivés à un stade de destruction qui rend nécessaire des interventions humaines, pour réparer ce qui peut l’être. Le Japon détient le leadership, grâce notamment aux dispositifs de destruction des filets des pêcheurs qui utilisent la technique du chalutage de fond.
Pour les entreprises françaises du Bâtiment qui n’hésitent pas à soutenir la restauration de monuments historiques, il y aurait une opportunité majeure à saisir : la base polaire française Dumont d’Urville aura 70 ans l’an prochain, et il n’en resterait bientôt qu’un tas de ferraille, si l’on s’en tenait aux financements publics
— Romain Troublé, président de la plateforme Océan Climat
Des entreprises françaises se positionnent également, avec des installations qui permettent à la faune de se développer dans les infrastructures portuaires, ou des récifs artificiels qui créent des habitats favorables aux poissons et aux algues. Sur les côtes, la résilience des écosystèmes passe par la remise en cause des digues, au profit d’une anticipation de la montée des eaux et d’une relocalisation de quartiers entiers.
Cette problématique viendra en tête de l’agenda de la coalition mondiale des villes côtières, que le maire de Nice se prépare à accueillir. Quels en sont les enjeux ?
Les organisateurs essaient de réunir les maires et gouverneurs de villes représentant 1 milliard d’habitants, pour explorer les réponses possibles à la question de l’adaptation au changement climatique. Ni les Etats, ni les compagnies d’assurance ne possèdent les moyens à la hauteur. L’Organisation des Nations-Unies ne dispose pas d’association spécialisée.
Mais les négociations engagées en 2022, à la Cop 27 de Charm El Cheikh, ont ouvert la voie à la création d’un fonds pour pertes et dommages. Pour en bénéficier, la coalition des villes côtières posera les jalons d’une future agence spécialisée de l’ONU. En plus de Nice, plusieurs villes françaises s’engagent dans ce processus, dont la Rochelle, une des villes les plus impactées en 2010 par la tempête Cynthia, et le village de Miquelon, en voie de relocalisation.
La plateforme Océan Climat et la fondation Tara bénéficient-elles du soutien d’entreprises du secteur de l’aménagement et de la construction ?
Veolia fait partie des fidèles partenaires de Tara Océan, depuis 17 ans. Nous déplorons en revanche la fin de non-recevoir opposée par Saint-Gobain, voici un an.
Pour les entreprises françaises du Bâtiment qui n’hésitent pas à soutenir la restauration de monuments historiques, il y aurait une opportunité majeure à saisir : la base polaire française Dumont d’Urville aura 70 ans l’an prochain, et il n’en resterait bientôt qu’un tas de ferraille, si l’on s’en tenait aux financements publics. Face à cette urgence, la remise à neuf offrirait un formidable outil de communication sur l’efficacité énergétique et les matériaux innovants. Les entreprises à engagement sociétal y démontreraient leur volonté de partager la connaissance de l’Antarctique, notre bien commun.