Douze organisations nationales représentatives des personnels de l’Éducation nationale, des parents d’élèves et des lycéens ainsi que des associations de victimes de l’amiante (1) se sont regroupés pour alerter sur « l’urgence sanitaire » liée à l’amiante dans les écoles.
« La situation est grave », écrivent les signataires dans un communiqué diffusé le 26 novembre 2019. « Entre 1998 et 2017, au moins 400 agents de l’Éducation nationale ont perdu la vie en raison d’une exposition professionnelle à l’amiante », souligne les différentes organisations (2).
46 % des établissements ne disposent pas de DTA
De nouvelles révélations publiées par Le Monde le 21 novembre 2019 montrent que l’état du diagnostic est catastrophique. Selon un rapport des inspecteurs santé et sécurité au travail (ISST) de l’Éducation nationale cité par le journal, près de la moitié des écoles maternelles et élémentaires françaises ne disposeraient pas d’un Dossier Technique Amiante (DTA), pourtant exigé par la loi.
« 46% des établissements visités ne disposent pas de DTA. Et, pour les 54% qui en ont un, sa qualité laisse à désirer et sa mise à jour, pourtant obligatoire, est prévue par seulement 9% des propriétaires des bâtiments", précise Cyril Verlingue, président de l'association Urgence Amiante écoles.
Toujours selon ce rapport, les écoles « demeurent infestées d’amiante friable, susceptible de se retrouver dans l’air ». De plus, les agents des collectivités sont « très peu informés des risques amiante » et procèdent ainsi, dans les classes, au perçage de murs et à la pose de cloisons « sans aucun repérage préalable ».
Pour un état des lieux exhaustif
Face à ces « constats alarmants », le groupement d'usagers de l'école a adressé un courrier à Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’Education Nationale, pour réclamer un plan d’action contre l’amiante dans l’Éducation Nationale, articulé autour des mesures suivantes :
- la réalisation et la mise à jour des dossiers techniques amiante (DTA), réglementaires.
- la constitution d’une base de données lisible et consultable par tous, afin d’établir un état des lieux exhaustif de la présence d’amiante dans les établissements scolaires.
- le repérage systématique avant travaux, y compris pour les travaux de maintenance.
- La formation au risque amiante des agents de maintenance et d'entretien, de l’ensemble des personnels, ainsi que l’information de l’ensemble des usagers.
Engagement ministériel sans suite
Dans ce courrier, les représentants des usagers de l’école, demandent aussi des comptes à Jean-Michel Blanquer sur la cellule du bâti scolaire en lien avec le ministère de la Cohésion des territoires.
La création de cette structure, annoncée en octobre 2018, suite notamment à la mobilisation autour du lycée Georges-Brassens de Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne) n'a pas été accompagnée de "quelconque précision de mission, de moyen ni de calendrier", relève les organisations.
(1) FCPE, Ferc CGT, FSU, SUD Education Union syndicale Solidaires, UNL Andeva (Association nationale de défense des victimes de l’amiante), AVA (Association nationale des victimes de l’amiante et autres polluants), Association Henri Pézerat, Ban Asbestos France, CAAJ (Comité anti-amiante Jussieu), UAE (Urgence amiante écoles), USB (Urgence santé Brassens), Avalé 13 (Association des victimes de l’amiante dans les locaux de l’éducation des Bouches-du-Rhône)
(2) Selon une étude épidémiologique sur les années 1998-2017 de Santé Publique France, publiée en juin 2019 : « environ soixante cas par an de [personnes malades d’un] mésothéliome auraient exercé un emploi dans l’enseignement dont vingt auraient été exposés professionnellement à l’amiante dans ce même secteur. »