Années 2000. Premier acte : les architectes Dominique Jakob et Brendan MacFarlane remportent le concours pour la nouvelle scène nationale de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Coup de théâtre ! La trop grande proximité du site avec une installation classée rend impossible toute délivrance d’un permis de construire. Deuxième acte : le concours de maîtrise d’œuvre est relancé… Patatras ! La procédure est annulée en cours de route pour vice de forme… Troisième acte et happy end : une nouvelle consultation voit l’équipe formée par Karine Herman et Jérôme Sigwalt (agence K-architectures) emporter la mise face à Rudy Ricciotti, Architecture Studio, Nicolas Michelin… L’équipement théâtral ouvre enfin au public le 8 septembre dernier.

A l’italienne
Tout proche de la mastodontique base sous-marine, sur le site de l’ancienne gare d’Orléans dont deux pavillons subsistent pour former le frontispice du nouvel équipement culturel, se dresse un impressionnant monolithe de béton (coulé en place pour les parties lisses et préfabriqué pour les panneaux matricés de motifs floraux). Celui-ci accueille en son cœur « comme creusée dans le roc d’une carrière », une grande salle à l’italienne (773 à 826 places, dont 18 pour les personnes à mobilité réduite) intégralement tendue de velours rouge.
Proximité visuelle
Avec son vaste plateau de scène (350 m2) et sa fosse d’orchestre mobile (50 à 60 musiciens), elle est principalement dévolue à la voix parlée (théâtre) et chantée (opéra), ainsi qu’aux arts du cirque. Méticuleusement étudiée sous ses aspects acoustiques et scénographiques, elle favorise la proximité visuelle et l’intimité sonore entre scène et spectateurs. Elle est complétée par une petite salle de création qui peut accueillir 90 personnes, outil d’expérimentation et de répétition aux dimensions comparables à celles du plateau de la grande scène.

Le grain de la peau
Conquis par le théâtre – et, à n’en pas douter, par son architecte – Joël Batteux, maire PS de la ville « depuis 1983 » ainsi qu’il a tenu à le rappeler, n’a pas hésité à « dérouler sans réserve une série de compliments » à l’égard de Karine Herman, dont il a loué « l’extraordinaire humilité » et le « respect intégral du cahier des charges » qui lui avait été soumis. Tout juste a-t-il nuancé son propos - de manière sibylline – en rappelant son amour pour la peinture et ces portraits de femmes où « le grain de la peau peut faire oublier certains excès de formes »…