Les travaux publics apprivoisent l’arbre urbain

Dans le soin préventif des arbres urbains, le chantier parisien du jardin mémoriel des attentats du 13 novembre 2015 témoigne d’une expertise partagée, en cours d’acquisition. Les pratiques vertueuses peuvent s’appuyer sur un ancrage contractuel, comme le montre une convention pilote signée le 24 octobre à Montgeron (Essonne).

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Pelouse de Montgeron
La pelouse de Montgeron (Essonne), encadrée depuis le 24 octobre par une convention entre la ville, le département et l'association Pelouse et Environnement.

Les soins intensifs prodigués à l’orme remarquable de la place Saint-Gervais, près de l’hôtel de ville de Paris, témoignent de la mutation culturelle en cours dans la relation entre arbres et Travaux publics.

Il faut sauver l’orme remarquable !

Avant le démarrage du chantier de création du jardin à la mémoire des victimes des attentats du 13 novembre 2015, des études racinaires ont permis de localiser le chemin de l’eau emprunté par l’arbre, pour s’ancrer dans le sol parisien. « Cela a permis de savoir où intervenir pour restaurer l’étanchéité du parking situé sous la place, en limitant l’impact sur l’orme classé comme remarquable », commente Béatrice Rizzo, experte en arboriculture urbaine à la ville de Paris.

L’ingénieure agronome projette une carte qui fait ressortir l’état de santé des arbres du quartier. « L’orme apparaît en jaune, ce qui signifie qu’il présente quelques signes d’inquiétude. Le but, c’est qu’il ne ressorte pas en orange ou en rouge à la mi 2025, lors de la réception du chantier », expose Béatrice Rizzo, ce 24 octobre aux troisièmes rencontres nationales des acteurs des allées d’arbres réunies à Montgeron (Essonne).

Dépavage manuel

La prévention des blessures racinaires conduit les ouvriers de Colas à extraire les pavés à la main. A l’issue de cette phase de déconstruction, « le terrassement au brise-roche hydraulique offre la manière la plus douce de casser les revêtements sans détruire les racines », poursuit l’experte. Auparavant, l’entreprise aura procédé à la désinfection des outils susceptibles de se trouver au contact des mâts racinaires.

La mise au jour de ces derniers, le long des bordures et des murs, précède leur gainage dans des fourreaux régulièrement arrosés. Ainsi protégées de la lumière et de la déshydratation, dans le prolongement d’un pied d’arbre dont l’entreprise a préservé le pourtour, les racines peuvent prendre leur mal en patience, avant la mise en œuvre du nouvel aménagement de la place, confié à l’agence Wagon Lanscaping.

Une culture en voie d’acquisition

« Avant le début de travaux qui présentent des risques pour des arbres existants, je commence toujours par un temps d’échange avec l’entreprise de TP. La méthode, nous l’inventons ensemble », explique Béatrice Rizzo.

Une offre de formation commence à émerger, dans le même esprit : émanation de la ville de Paris, l’école d’horticulture Du Breuil a développé des modules consacrés à la protection de l’arbre urbain et dédiés aux entreprises de TP. Trois d’entre elles l’ont déjà rodé. L’association Fredon Ile-de-France propose des formations spécifiques à la prévention du chancre coloré du platane, identifié comme la menace la plus lourde qui pèse sur le patrimoine arboré de Paris.

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