Quelle est la force de la fédération Cinov aujourd’hui ?
Nous sommes une fédération de syndicats. Nous en comptons treize, dont Cinov Ingénierie qui est souvent le plus connu, mais il y a également Cinov Industries et Technologies, Ergonomie, Numérique, Restauconcepteurs, Territoires et environnement ou la fédération Atmo France… pour n’en citer que quelques-uns.
La fédération représente ainsi 70 000 entreprises, soit un million de salariés. Avec une spécificité : ce sont à 99,5 % des TPE/PME qui comptent moins de 300 collaborateurs. Ces entreprises se répartissent dans tout l’Hexagone, ce qui représente un ancrage territorial hors pair au plus proche des collectivités locales.
Le processus d’élection des présidents est particulier. Pouvez-vous le rappeler ?
Il y a effectivement toujours un délai de transition d’un an entre la date d’élection et la prise de fonction effective. Ainsi, j’ai été élu pour la première fois en juin 2018, mais je n’ai pris réellement mes fonctions qu’en avril de l’année suivante. Je viens d’être réélu pour un mandat de trois ans, qui prendra donc fin en avril 2025. Avant la prise de fonction, nous parlons donc de « président désigné ».
Votre premier mandat a été marqué par la pandémie de Covid-19. Quelles mesures avez-vous prises ?
La pandémie nous a frappé de plein fouet, nous avons donc cherché à aider nos adhérents le plus possible. Cela s’est notamment traduit par des propositions spécifiques dans le cadre du Plan de relance. Ma priorité est que nos métiers ne soient pas oubliés.
Nous avons donc rappelé que les rénovations thermiques doivent se dérouler dans le cadre d’une approche globale et pas uniquement énergétique ou thermique. L’acoustique en particulier est un aspect à ne pas négliger lors des travaux. De même, la fédération reste vigilante sur la concurrence entre l’ingénierie publique et privée et pour éviter que la construction devienne la seule prérogative des entreprises de travaux au détriment des bureaux d’études. L’ingénierie constitue un élément clé pour garantir les performances finales d’une construction.
Par ailleurs, nous aidons nos adhérents à opérer leur transition digitale. Et celle-ci ne se limite pas à la maîtrise d’outils logiciels, il s’agit bien de revoir les façons de travailler et d’adopter un nouvel état d’esprit, ce qui nécessite à la fois sensibilisation et formation. Pour accompagner nos adhérents, nous utilisons notre think tank, « Cinov action » et les retours d’expériences. Nous diffusons ensuite ces pratiques lors de rencontres trimestrielles. Pandémie oblige, les réunions physiques ont été remplacées par des webinaires, mais elles reprendront en présentiel dès que possible, car cela permet de renforcer l’échelle collaborative de nos métiers.
Vous abordez également les aspects sociaux pour le compte de vos adhérents ?
En effet, nous avons aussi travaillé pour renforcer le dialogue social spécifiquement au sein des TPE/PME. Le Code du travail est conçu avant tout pour les très grandes entreprises, ce qui pose problème dans les petites structures, où le dialogue social est avant tout du dialogue interpersonnel. Afin de formaliser davantage les échanges, en particulier sur la formation, nous avons mis en place la CP-TPME, une commission paritaire dédiée aux TPE/PME afin de traiter des spécificités des entreprises qui comptent moins de 250 salariés. L’accord a été signé avec l'ensemble des organisations syndicales (CFDT, CFTC, CGT-FO, CGT, CGE-CGC) dans la branche Betic (Bureaux d’études techniques, ingénierie, conseil, numérique), l’été dernier.
Quels sont vos projets pour la suite ?
L’ingénierie doit répondre à un défi de taille : la transition écologique ! Sur le premier point, nous devons agir certes sur la performance énergétique des bâtiments, et au-delà en lien avec toutes les questions d’aménagement du territoire, sur les mobilités et sur la dépendance au nucléaire. Il est certainement nécessaire pour une réelle prise en compte, que les aides publiques pour favoriser certains aux travaux soient conditionnées à une logique de performance globale.
Sur la transition numérique, il s’agit toujours de mener la digitalisation de nos métiers et d’insuffler une nouvelle culture. C’est ainsi qu’au soutien du syndicat Cinov Numérique, nous organisons un tour de France de la transition numérique et écologique pour porter ces sujets essentiels dans les territoires.
