Le syndrome du super-héros aveugle les conducteurs de trottinettes. 65 % d’entre eux se sentent en sécurité dans ce mode de transport, alors que 76 % des 1500 français sondés par l’Ifop du 4 au 8 février pensent le contraire. Dans une moindre mesure, la confiance des jeunes cyclistes révèle un décalage comparable entre perception et réalité.
Un fossé entre perception et réalité
Autre signe du même phénomène : la réduction de la vitesse vient en queue de liste, parmi les leviers identifiés par l’opinion pour améliorer la sécurité routière, malgré l’abondance des démonstrations contraires. « Les Français ont le sentiment que les choses sont déjà faites, dans ce domaine », interprète Anne Lavaud, déléguée générale de l’association Prévention routière.
Parmi les 77 % d’automobilistes du quotidien qui compose les gros bataillons de l’échantillon représentatif, le sentiment de sécurité domine. Mais derrière cette majorité satisfaite, le sondage n’en révèle pas moins les demandes d’usagers vulnérables et conscients des risques routiers, en particulier les piétons, les cyclistes, les personnes âgées : autant de minorités dont le poids augmente, sous l’effet de la démographie, du coût des carburants, voire des modes.
Combattre l’invisibilité
Pour pointer les « actions jugées prioritaires pour améliorer la circulation en sécurité des personnes vulnérables », deux statistiques retiennent l’attention du syndicat des équipements de la route, commanditaire du sondage : 46 % des français évoquent le renforcement de la signalisation, et 42 % l’amélioration de sa lisibilité et de sa visibilité.
Ressentie au quotidien par 70 % des français et 77 % des cyclistes, la gêne occasionnée par le bruit alimente également l’argumentaire syndical.
« Nous travaillons avec la fédération des usagers de la bicyclette pour imaginer les équipements nécessaires aux pistes cyclables du futur », révèle Julien Vick, délégué général. « Nos membres débordent d’idées, souvent pas chères », abonde le président Dominique Mondé, qui cite le nouvel horizon des lignes blanches : après avoir multiplié leur capacité réfléchissante par quatre en 15 ans, les industriels travaillent sur l’exploitation de leur impact sonore.
La route intelligente sauvera des vies
L’anticipation de la route intelligente éclaire l’insistance du Ser sur la visibilité des marquages : « S’ils n’ont rien à lire, les radars et les Lidar (méthode de télédétection et de télémétrie semblable au radar, mais qui émet des impulsions de lumière infrarouge, au lieu d'ondes radio, ndlr) qui équipent les véhicules ne rendront pas les services attendus », souligne Dominique Mondé. Le vieillissement des signalisations horizontales et verticales fait partie, selon lui, des facteurs qui expliquent le retard à l’allumage de la route intelligente : un handicap d’autant plus dommageable que la France peut prétendre au leadership européen dans ce domaine.
Parmi les bonnes raisons de souhaiter le saut technologique des véhicules à délégation de conduite, figure l’éradication d’une des manifestations les plus criantes du syndrome de toute puissance révélé par l’insécurité routière : le genre masculin concentre 80 % des 2500 victimes annuelles.
« Et une grande partie des 20 % restants se composent des victimes des hommes », ajoute Anne Lavaud.
