Le prochain congrès des paysagistes français s’interrogera sur « le paysage, source de richesse ». Pourquoi ce thème ?
Ce titre provocateur met en lumière le rôle économique fondamental de la profession, beaucoup moins abordé que ses contributions à la biodiversité ou aux usages de la ville. Cela nous donnera l’occasion de montrer le potentiel de réemploi et de valorisation de matériaux locaux. Nous pourrons aussi mettre en évidence l’économie occasionnée par la gestion paysagère des eaux pluviales : les noues coûtent moins cher que les tuyauteries.
Plus globalement, notre vocation consiste à mettre en récit des lieux. Il en résulte une intelligence globale du projet d’aménagement. Ne serait-ce que du point de vue des mouvements de terre, cela engendre forcément une économie, par comparaison avec une addition d’interventions thématiques.
Au passage, je voudrais souligner qu’on identifie les paysagistes au végétal, et beaucoup moins par leur travail sur le sol, qui permet de maîtriser les coûts.
On identifie les paysagistes au végétal, et beaucoup moins par leur travail sur le sol, qui permet de maîtriser les coûts.
— Henri Bava
Comment intégrez-vous à votre raisonnement les coûts d’entretien engendrés par des solutions d’aménagement qui font appel à une matière vivante ?
Notre profession est sortie d’une vocation ornementale. En s’appuyant sur les dynamiques du vivant, on réduit la facture des entretiens.
Pour répondre durablement aux fonctions de rafraîchissement demandées aux aménagements paysagers, nous devons mettre en place des solutions qui limitent le dessèchement des sols. Cette recherche mobilise de nombreux praticiens. A nous de mutualiser leurs compétences, aux côtés des maîtres d’ouvrages.
Mais le cadre contractuel des concours se révèle inadapté à ce travail qui s’inscrit dans la durée.
Comment sortir de la contradiction entre la recherche d’une économie de moyens et une rémunération indexée sur les montants de travaux ?
En effet, le système ne nous pousse pas à la recherche d’économies. De plus, le principe de la libre concurrence s’oppose à l’établissement de barèmes, même si cela ne nous interdit pas de proposer des fourchettes, par type de sujets.
L’un des aspects de la question des rémunérations concerne le temps passé : les paysagistes ont du mal à le calculer. Nous approfondirons ce sujet à Toulon, pour que nos confrères prennent mieux la mesure de la valeur de leur travail.
Dans un peu plus d’un an, la France accueillera le congrès mondial des architectes paysagistes, en septembre 2025 à Nantes. Comment vous y préparez-vous ?
En insistant sur la notion de l’entretien, le congrès de Toulon apportera une contribution importante à cette rencontre mondiale de l'Ifla (NDLR: International Federation of Landscape Architects), intitulée « Guiding Landscape ». Au-delà de l’économie, ce thème fait écho à tous les enjeux qui placent les paysagistes concepteurs aux avant-postes de la transformation des villes : l’eau, la biodiversité, la désimperméabilisation, les formes urbaines favorables aux vivants, humains et non humains.
Je me réjouis du choix de Nantes. Depuis longtemps, cette ville fait confiance aux paysagistes, régulièrement désignés comme mandataires des grandes opérations d’urbanisme. La maire Johanna Rolland apporte son soutien à l’événement que le président de la République a accepté de placer sous son patronage.