Le premier palmarès de la profession en apportera la manifestation éclatante : la fédération française du paysage tient la feuille de route fixée au printemps 2019 par Henri Bava, au début de son mandat de président.
Premier palmarès en janvier
Du 21 octobre au 23 novembre, les paysagistes concepteurs pourront déposer leur candidature dans cinq familles subdivisées en trois catégories qui pourront donner lieu à 15 prix. Les travaux des promotions sortantes des écoles de la profession reprendront l’ancien concours des « jeunes talents » du paysage, à côté des dossiers qui présenteront des réalisations, des œuvres de planifications, de participation et de recherche.
Un jury de 11 personnes, dont 8 membres de la FFP, départagera les candidats en décembre, avant la proclamation des lauréats en janvier 2021. Quatre ans après la création du statut de paysagiste concepteur par la loi biodiversité, le premier palmarès de la profession mettra en valeur la diversité des registres dans lesquels elle se déploie.
Course au titre
L’annonce de l’événement n’a pas pu coïncider avec le décompte des titulaires du titre, en raison d’un embouteillage constaté lors de l’ultime réunion de la commission d’habilitation créée au printemps 2017 pour trois ans : « Cette instance statuait généralement sur une trentaine de cas. Le 24 septembre, elle a dû examiner 400 dossiers. Elle se donne encore trois mois pour achever leur traitement », explique Henri Bava.
A côté des diplômes d’Etat de paysagiste délivrés par cinq écoles, une nouvelle voie s’ouvre pour l’obtention du titre, après l’achèvement de la mission de la commission d’habilitation : celle de la validation des acquis de l’expérience, dans laquelle s’engagent l’école nationale supérieure du paysage de Versailles et Agrocampus Ouest à Angers. La première complètera le dispositif avec des formations continues dédiées aux porteurs de dossiers non retenus par la commission d’habilitation.
Lumières territoriales
Dans leur montée en puissance statutaire, les paysagistes concepteurs enregistrent une nouvelle étape réglementaire annoncée à Toulouse : la mise à jour récente du décret 2016-206 ouvre aux titulaires du titre l’accès au concours d’ingénieur territorial. « Jacqueline Gourault a tenu la parole qu’elle m’avait donnée l’an dernier lorsqu’elle m’avait remis le grand prix de l’urbanisme », témoigne Henri Bava.
Le déblocage du verrou renforcera la place du paysage dans la maîtrise d’ouvrage publique territoriale. Cette perspective découlera également de la publication du guide de la commande publique paysagère, attendu depuis plusieurs années : la FFP passe au peigne fin le document martyr élaboré dans ce but par la mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques.
Utilité publique
Malgré le plafonnement des adhésions consécutif à la crise sanitaire et qui maintient à 700 le nombre de membres de la FFP, cette dernière confirme son espoir de franchir un autre cap réglementaire : la reconnaissance de son utilité publique. Outre les preuves des services apportés à l’intérêt général, cette nouvelle légitimation suppose trois bilans comptables positifs de suite : il ne reste plus qu’un an pour passer l’obstacle, et la prochaine campagne d’adhésions alimente l’espoir de l’organisation.
Emulation européenne
L’élan politique et juridique français a entraîné plusieurs petits pays de l’Union européenne, dont récemment la Slovénie, pour porter à 10 le nombre d’Etats membre dotés de réglementations sur le statut de « Landscape Architect ». « Le franchissement de ce seuil ouvre la voie à des négociations en vue d’une reconnaissance européenne de la profession », se réjouit Henri Bava.
Dans les Starting blocks pour affirmer leur position dans la mise en œuvre du Green deal européen, les paysagistes entendent tirer parti des milliards d’euros qui impacteront le paysage, dans le plan de relance.
Plaidoyer pour la formation
En marge de l’assemblée générale de Toulouse, la visite des rives de Garonne en voie de réaménagement a donné un aperçu du potentiel des infrastructures vertes : à côté des agences de paysage TER et Gama, maîtres d’œuvre, les scientifiques mobilisés grâce au programme Life de l’Union européenne ont détaillé les indicateurs des bénéfices attendus de l’aménagement, dans les domaines des écosystèmes, du microclimat et de la qualité de l’air.

Les paysagistes concepteurs ont visité les sites en voie d'aménagement sur les rives de la Garonne à Touloouse
Le flot de bonnes nouvelles annoncées à Toulouse n’a pas endormi la vigilance de la profession, en vue du renouvellement de ses troupes : à propos de la diminution de la place des praticiens dans l’enseignement délivré par les écoles de paysage, Jacqueline Osty, qui s’apprête à rejoindre les paysagistes titulaires du Grand prix de l’urbanisme, a tiré la sonnette d’alarme. « Un déséquilibre s’est creusé au profit des titulaires et des chercheurs, et au détriment des professionnels en prise directe avec la maîtrise d’ouvrage », confirme Henri Bava.