Un immeuble du Marais avec un bail de 413 euros le m² pour loger la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles et la fondation du patrimoine ; un immeuble du IXe arrondissement de Paris dont le loyer, après une augmentation de 32 %, vient de passer à 4,46 millions d'euros par an pour le pôle financier du ministère de la Justice ; l'Imprimerie Nationale du XVe siècle vendue par l'Etat 85 millions d'euros en 2003 puis rachetée en 2006 pour 325 millions dans le but d'y installer une partie du ministère des Affaires Etrangères... en 2009.
Alors que l'exécutif engage un plan d'économies drastiques, la gestion du patrimoine immobilier des ministères hérisse le poil de plus en plus de parlementaires de tous bords. Les ministères sont accusés de faire la sourde oreille aux recommandations, voire d'agir hors de tout contrôle. Ainsi, les travaux au ministère de la Santé rue de Ségur à Paris, n'ont fait l'objet, selon une mission parlementaire (MEC, Mission d'évaluation et de Contrôle), "ni d'une approbation politique au niveau ministériel, ni d'engagements financiers".
Auditionné mercredi par la Mission, l'actuel ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a admis un "dysfonctionnement" dans la vente puis le rachat au groupe luxembourgeois Carlyle de l'Imprimerie Nationale et reconnu "un bénéfice gigantesque de 100 millions" d'euros aux dépens de l'Etat. Lors de cette audition, les élus ont appris que la "confidentialité" avait été demandée aux fonctionnaires du Quai d'Orsay... les privant de tout contrôle. Jeudi, le député PCF Jean-Pierre Brard s'est insurgé contre ce "tripatouillage", qui a permis "aux agents immobiliers de s'en mettre plein les poches au détriment des contribuables". Pour Georges Tron, président UMP de la MEC, il faut savoir, pour l'ensemble des ministères, "comment ce qui a été fait et mal fait peut être corrigé". Et de dénoncer "les résistances extrêmement fortes de certains ministères" pour faire des économies dans la gestion de leur patrimoine immobilier.
Décidés a ne plus rien laisser passer, les parlementaires appuyés par le ministre du Budget Eric Woerth ont dernièrement retoqué la demande "d'agrandissement" du ministère de l'Immigration à la recherche de locaux pour loger ses agents, dispersés entre Paris et la province. Brice Hortefeux voulait agrandir ses locaux de la rue de Grenelle, en y adjoignant un bâtiment tout proche, libérable en 2009. Les parlementaires et le ministre lui ont recommandé d'autres lieux. Plus éloignés. Mais moins coûteux.