Pourquoi les parcs naturels régionaux ont-ils voulu fêter les 30 ans de la loi Paysage, après la journée nationale qui s’est tenue le 12 juin à l’initiative du ministère de la Transition écologique ?
Toujours aux côtés du ministère et des acteurs professionnels, le séminaire du 18 au 20 octobre, à Strasbourg et dans les Vosges du Nord, se déroulera autour d’un fil conducteur spécifique : comment les parcs naturels régionaux travaillent-ils avec leur ville porte ?
Cette question conditionne la qualité des paysages utilisés comme des ressources locales. Le nouveau contrat de réciprocité en gestation entre l’eurométropole de Strasbourg et les Vosges du Nord montre cette voie, au moment où l’Agence nationale pour la cohésion des territoires réfléchit à une relance de cette politique contractuelle.
Quel rôle les parcs jouent-ils dans la diffusion d’une approche paysagère des projets de territoire ?
Ce séminaire offre l’occasion de rappeler l’importance de la loi Paysage de 1993, pour les PNR : le texte a institué une obligation de compatibilité entre les chartes des parcs et les documents de planification locale en vigueur dans leur périmètre. Cette disposition donne à la fédération sa légitimité pour contribuer au bilan de la loi et à l’élaboration de nouvelles propositions pour l’améliorer.
Approuvées par le Premier ministre après avis du Comité national pour la protection de la nature, les chartes relient des objectifs de qualité paysagère avec des filières économiques de proximité et des actions de protection de la nature. La mise en œuvre repose sur l’ingénierie pluridisciplinaire des parcs, mobilisée par une approche transversale. Cette expérience positive éclaire la question de la place des paysagistes concepteurs : une grande politique nationale du paysage ne peut pas reposer uniquement sur les quelque 3000 titulaires de ce titre professionnel.
Les parcs savent-ils mesurer leur bilan paysager ?
Nous disposons d’un seul indicateur, issu de l’étude réalisée en 2017 par Anne Pisot et Romain Lajarge à l’occasion du cinquantième anniversaire des PNR : dans leur périmètre, l’artificialisation des sols suit un rythme deux fois moins élevé qu’ailleurs.
Pour répondre au besoin d’un bilan plus étayé, la fédération monte actuellement un programme de recherche de deux ans, avec la chaire territoriale de l’école d’architecture de Grenoble. Nous espérons faire ressortir les dynamiques paysagères à l’œuvre dans différentes politiques publiques : agriculture, fiscalité locale, planification... Les projets alimentaires territoriaux illustrent ce lien, comme le montre le cas de Briançon.
Le cahier des charges en cours de rédaction résulte d’une nouvelle lecture du paysage, comme résultat de nos modes de vie. Les parcs veulent mieux actionner ce lien, dans de nombreux domaines : mise en place de filières de proximité pour les matériaux biosourcés, éducation, mobilité ou production d’énergies renouvelables. Le lancement de l’étude coïncidera avec le séminaire, ce qui permettra aux post-doctorants d’utiliser la matière de la dizaine d’ateliers qui traiteront de ces sujets.