Un simple pot de peinture pour lutter contre le réchauffement climatique. A travers les Etats-Unis, les grandes villes tapissent de blanc les toits de leurs immeubles afin de réfléchir les rayons du soleil et d'éviter d'emmagasiner de la chaleur. Ce concept du « cool roof » pourrait réduire de 30% les besoins en climatisation et aboutirait à une économie annuelle de 500 millions d'euros rien que pour les Etats-Unis.
Si ces surfaces blanches permettent de faire des économies d'énergie, pourquoi ne pourraient-elles pas en créer ? C'est ce pari que vient de relever le centre de recherche suisse CSEM. Le 28 octobre à Neuchâtel, il a présenté un film nanotechnologique blanc, totalement uniforme, qui s'applique sur les panneaux photovoltaïques. Il réfléchit la lumière et laisse passer les infrarouges que captent les cellules solaires. « Cette idée, qui semble contraire au principe du photovoltaïque, nous a été soumise par des architectes il y a quelques années, indique le docteur Laure-Emmanuelle Perret-Aebi, chef de secteur au CSEM, contactée par lemoniteur.fr. Au début, ça nous a fait rire, mais c'est rapidement devenu une évidence. Nous avons travaillé pendant deux ans sur ce projet. »

Un marché mondial
Fini les modules solaires bleu nuit aux cellules et connecteurs apparents, peu harmonieux avec le bâti et très peu discrets. Ce nouveau panneau en simple polymère peut se déployer sous toutes les couleurs, logos et dessins possibles. Il peut être intégré à des modules solaires existants et à des nouveaux, qu'ils soient plats ou incurvés.
La chercheuse assure que cette technologie pourra s'adapter à la règlementation de chaque pays et est conçue spécialement pour faciliter l'intégration architecturale. « Nous visons un marché mondial. Notamment aux Etats-Unis, qui ont déjà commencé à peindre leurs toits, et les pays méditerranéens dont l'enveloppe des bâtiments est blanche. »
Le projet a été transféré à un partenaire industriel suisse du CSEM. Le produit devrait être lancé sur le marché courant 2015. Sur le long terme, le CSEM espère étendre cette technologie aux produits de grande consommation, comme les voitures et les ordinateurs portables.