Mont-de-Marsan, dans les Landes, n'avait pas vraiment de palais de justice. Un immeuble, proche du centre-ville, en faisait office mais il était banal et anonyme, dénué de toute la solennité propre aux tribunaux. Sans compter qu'il présentait les signes d'une vétusté inconvenante. De plus, il n'était pas assez vaste pour abriter toutes les juridictions, qui étaient donc éclatées en quatre lieux de la ville. L'édifice inauguré en septembre dernier dans un quartier périphérique du nord de Mont-de-Marsan rend finalement justice à l'institution. Conçu par l'agence bordelaise BLP & Associés, ce grand carré affiche un caractère hiératique qui sied mieux à la fonction.
Toutefois, « si le bâtiment reprend des éléments iconiques comme la colonnade, il les transfigure. Ce nouveau tribunal se devait d'accueillir les justiciables sans oppression ni lourdeur », remarquent les architectes Olivier Brochet et Nicolas Aygaleng. Le péristyle du nouveau palais de justice est aérien, avec ses poteaux d'acier thermolaqué hauts de 12 m, le toit léger avec sa géométrie de feuille de papier pliée, le parvis généreux et les espaces très lumineux. « Le bâtiment est en effet creusé de partout », souligne Olivier Brochet.
Place publique. Réalisées en structure béton et calepinées de pierre claires, les boîtes qui abritent l'accueil ou les salles d'audience alternent avec des façades largement vitrées. La grande toiture, elle, ploie en son centre et se transforme en un puits de lumière, au-dessus du plus grand des deux patios du bâtiment. Ce jardin clos participe à donner à la salle des pas perdus une allure de place publique.
La justice est éclairée naturellement jusque dans les salles d'audience. Ainsi, dans celle des assises, les bandeaux latéraux de vitrage opalescent produisent une atmosphère douce, que l'on imagine propice à la sérénité des débats. Autre garantie de calme dans une ville qui cohabite avec l'une des plus grandes bases de l'Armée de l'air, les salles sont enveloppées d'une double façade.
Conforme aux nouveaux usages. « Par son ouverture, ce bâtiment est un lieu d'humanité, apprécie Franck Durano, qui a porté le projet pour l'Agence publique pour l'immobilier de la justice (Apij). Dans son plan, il est aussi une bonne représentation des récentes évolutions de l'institution. » De la réforme de 2016 portant sur la modernisation de la justice du XXIe siècle - qui a instauré la création du Service d'accueil unique des justiciables (SAUJ) - à la qui a rassemblé, en 2020, le tribunal de grande instance et le tribunal d'instance en une seule entité, le tribunal judiciaire, la construction a su se conformer aux nouveaux usages, telles que les modalités de rencontre avec les magistrats. « Les justiciables ne sont plus reçus dans les espaces tertiaires mais dans un nouveau lieu : la salle d'audience de cabinet », poursuit Franck Durano.
Le palais de justice en a tiré une organisation rationnelle : le public, depuis le grand parvis de plain-pied, accède aux lieux et aux services qui lui sont dédiés dans l'ample rez-de-chaussée. Tous les bureaux ont, eux, été compactés sur trois niveaux dans l'angle nord-ouest du bâtiment. Cette situation de second plan ne prive pas ces espaces de travail de l'élément marquant la grandeur de la justice : la colonnade se poursuit jusque devant leurs fenêtres. Mais les poteaux sont cette fois accolés aux façades. Ils observent un pas de 1,35 m, jouant ainsi un rôle de protection solaire. Sur les pans est et sud, qui sont la face publique de l'institution, cet écart est de 8 m, pour affirmer encore cette volonté de grande ouverture.
