Avec une intensité de 7,9 sur l'échelle de Richter le séisme qui a frappé le Salvador, samedi 13 janvier, est le plus violent enregistré en Amérique Centrale au cours des 20 dernières années. Et le bilan humain est très lourd avec plus de 666 morts, 2 538 blessés, des milliers de disparus et 45 000 sans abris, à l'heure où nous mettions sous presse. Côté infrastructures, l'hécatombe n'est pas moins grave, avec près de 17 000 maisons détruites et 46 000 sérieusement endommagées. Les sismographes ont enregistré 569 répliques dans les heures qui ont suivi le séisme.
La gravité du bilan a deux causes essentielles. L'incapacité à prévoir ces catastrophes, et les spécificités de l'urbanisme et de la construction dans la région. Le glissement de terrain a ainsi emporté des maisons pourtant construites « en dur », en parpaings ou murs de béton à toitures légères, mais installées sur un pan de colline rendu instable par la déforestation.
« Le Salvador est situé au bout de la plaque des Caraïbes, au point de friction avec la plaque des Cocos. C'est une région à haut risque et fréquemment frappée par des séismes. Mais, si la catastrophe était probable, elle ne pouvait en revanche être décelée à l'avance. La science ne dispose pas, aujourd'hui, des outils de détection précis de l'activité tellurique, même si des pistes existent avec les précurseurs », indique Jean-Louis Doury, spécialiste de la stabilité des structures sous effets sismiques au CSTB.
Georges Poupinet, directeur de recherche du Laboratoire de géophysique interne et de tectonophysique (CNRS) à l'université de Grenoble, n'est guère optimiste sur le sujet : « La prévision sismique n'est pas possible en pratique. Certes, sur des zones surveillées comme le Japon ou la Californie, où l'on utilise à la fois des milliers de centrales GPS et le forage profond avec des extensiomètres, on aperçoit des signaux précurseurs de l'activité tellurique et volcanique. Mais il n'y a pas encore de corrélation systématique possible, même avec les mesures des émissions de radon, de contrôle du niveau des nappes phréatiques ou d'étude de l'ionisation de l'air et des modifications de charge électrique. La seule clef au problème réside dans un urbanisme maîtrisé et le développement du génie parasismique, qui est rarement appliqué pour des habitations. »
Les pays voisins et la communauté internationale se sont mobilisés, apportant aide immédiate, financière et matérielle, et promesses de dons.
PHOTO : Une partie de la ville de Santa Tecla au Salvador a été ensevelie sous un glissement de terrain.