Les investisseurs étrangers se ruent sur l'immobilier au Portugal

Les capitaux étrangers pleuvent pour investir dans l' immobilier au Portugal, atteignant un niveau record. Ce qui provoque une flambée des prix parfois insoutenable pour la population.

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La place du commerce, emblème de la rénovation des espaces publics en cours à Lisbonne

L'immobilier flambe au Portugal. "Le secteur a connu en 2018 sa meilleure année" avec "des transactions ayant franchi la barre des 30 milliards d'euros", explique Pedro Lancastre, directeur du cabinet de conseil spécialisé JLL. Et Patricia Barao, chargée de l'immobilier résidentiel au sein de JLL d'ajouter : "Le Portugal est l’un des marchés les plus intéressants d’Europe et continue d'attirer de multiples nationalités". Ainsi, en 2018, les acheteurs étrangers -Brésiliens en tête, suivi des Britanniques et des Français- ont représenté 57% des transactions conduites par leur société, d'un montant total de 375 millions d'euros.

Problème  : "il y a une demande très supérieure à l'offre, ce qui continue d'alimenter une flambée les prix", souligne un rapport de JLL, qui prévoit la poursuite de cet afflux de capital étranger en 2019.

Dans le secteur résidentiel, au cours des neuf premiers mois de l'année dernière, plus de 132.000 biens immobiliers ont été vendus au Portugal, dont 47.000 dans la seule région de Lisbonne, soit une hausse annuelle de 22%, selon des données de l'Institut national des statistiques (Ine). Ces transactions ont représenté un volume de 17,9 milliards d'euros, en hausse de plus de 30% par rapport à la même période de 2017.

"Survalorisation limitée" 

La Banque du Portugal a reconnu dans un rapport publié l'année dernière que cette hausse, "particulièrement forte" depuis fin 2017, traduisait une "survalorisation des prix, bien que limitée". Mais pour Carina de Sousa et ses trois enfants, âgés de sept à dix-sept ans, "c'est l'angoisse" depuis que le propriétaire de son appartement vétuste et exigu lui a annoncé qu'il allait augmenter son loyer de 278 à 600 euros à la fin de son bail de cinq ans. "Je ne peux pas payer autant. Lorsque mon propriétaire est venu chercher les clefs, j'ai refusé de partir", confie-t-elle à l'AFP.

Depuis, elle continue de vivre à Lisbonne dans son logement situé dans le quartier populaire de la Mouraria, mais dans l'attente d'un ordre judiciaire d'éviction imminent. "J'ai déjà vidé ma maison. Nous n'avons gardé que le strict minimum", dit la jeune femme de 36 ans, résignée.

Le boom du tourisme dans la capitale portugaise et à Porto, la grande ville du nord du pays, a poussé de nombreux propriétaires vers le marché lucratif des locations de courte durée.

Les chantiers de rénovation prolifèrent dans les quartiers historiques de ces deux villes mais nombre d'immeubles sortent du marché de location de longue durée, déjà réduit car trois quarts des Portugais sont propriétaires.

Hausse de 70% en cinq ans 

Il est plus intéressant d'emprunter pour acheter que de louer, parce que le remboursement de l'emprunt est moins cher qu'un loyer, explique Luis Lima, président de l'Association des professionnels des agences immobilières. La tendance "s'est encore accentuée ces dernières années, avec des loyers qui atteignent des montants que la majorité des familles ne peuvent pas payer", souligne-t-il.

A Lisbonne, les loyers ont bondi de plus de 70% entre 2013 et 2018, selon la société de statistiques Confidencial Imobiliario.

Le gouvernement socialiste, qui a recensé l'an dernier plus de 26.000 familles en proie à des difficultés de logement à l'échelle nationale, a annoncé une série de mesures pour atténuer cette pénurie. Une nouvelle législation en matière d'habitation, entrée en vigueur au début de l'année, protège notamment les plus de 65 ans et prévoit des sanctions contre le harcèlement des locataires.

La mairie de Lisbonne a de son côté lancé un programme visant à rénover certains immeubles municipaux pour les mettre sur le marché à des loyers modérés. "Ces nouvelles lois représentent des petites avancées, mais elles n'arrêteront pas la spéculation immobilière", s'inquiète cependant Ana Gago, une militante pour le droit au logement de l'association Habita.

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