Alors que la question du logement ne passionne pas les candidats à l’élection présidentielle en général, et que le logement social est, lui, carrément stigmatisé par les candidats d’extrême droite, l’Union sociale pour l’habitat (USH) formule, ce jeudi 10 février, 95 propositions à leur intention.
Ce travail, fruit de la concertation avec 250 organismes, porte sur six axes, dont la production HLM, la lutte contre le changement climatique, l’innovation dans les territoires… « Il s’agit d’une sorte de mode d’emploi à l’intention du prochain ministre du Logement afin de résoudre la crise du logement qui engendre des problèmes sociaux, de santé… », indique Emmanuelle Cosse, présidente du mouvement HLM.
Objectif de construction, promouvoir l'accession sociale...
L’ensemble de la famille HLM s’est réunie pour l’occasion, chacun défendant un paquet de mesures. « Le logement, c’est d’abord une adresse, et cela permet d’accéder aux droits », rappelle Valérie Fournier, présidente de la fédération des entreprises sociales pour l’habitat (ESH) qui milite pour la production annuelle de 150 000 logements sociaux dont 60 000 PLAI (HLM les plus sociaux, et donc, les plus subventionnés).
La présidente des coopératives HLM, Marie-Noëlle Lienemann, prône, elle, le renforcement du parcours résidentiel, mis à mal ces dernières années par des mesures fiscales, comme la suppression de l’APL Accession. « Il faut harmoniser les quotités d’emprunt du prêt à taux zéro sur l’ensemble du territoire », plaide l’ancienne ministre du Logement. Dans les zones dites tendues (Abis, A et B1), le PTZ peut atteindre jusqu’à 40% du coût total de l’acquisition, contre 20% en zone B2 et C.
Marie-Noëlle Lienemann propose également que la « prime accession » accordée par Action Logement, soit généralisée à l’ensemble des salariés (et pas uniquement ceux travaillant dans une entreprise cotisant à la Peec, principale ressource d’Action Logement) et aux fonctionnaires. « Cette prime est considérée par les banques comme de l’apport », ajoute-t-elle.
Des subventions pour la rénovation énergétique
Au regard des enjeux en matière de rénovation énergétique, Jean-Luc Vidon, président de la Fédération nationale des associations régionales HLM (FNAR), milite pour l’évolution « du cadre financier pour donner une seconde vie à nos immeubles ». « Il faudrait une sorte de MaPrimeRenov’ pour les organisme HLM, des subventions gratuites », dit autrement Marcel Rogemont, président des offices publics pour l’habitat (OPH). Car les objectifs de la loi Climat et Résilience qui vise l’éradication des passoires thermiques d’ici à 2034 « ne seront pas atteignables sans la mise en place d’un quoiqu’il en coûte climatique », redoute Emmanuelle Cosse, qui souhaite pourtant « tout faire pour les atteindre ».
Reste à savoir si le message sera entendu par les principaux intéressés. Rien n’est moins sûr, car les candidats qui arrivent en tête des sondages sont à droite (Valérie Pécresse) et à l’extrême droite de l’échiquier politique (Marine Le Pen pour le RN). Ces derniers n’étant pas les plus enclins à financer la construction de logements sociaux aux niveaux espérés par le mouvement. Emmanuel Macron, pas encore officiellement candidat à sa succession, sera-t-il plus à l’écoute ? Il est permis d’en douter, puisque sous sa mandature, le secteur essuyé 15 milliards d’euros de coupes budgétaires, entre les économies sur les APL et la mise en place de la réduction du loyer de solidarité.