Décryptage

Les européennes du BTP: le logement, grand absent des débats

SERIE 4/5. Le Moniteur décrypte les programmes des principales listes aux élections européennes. Pour ce quatrième volet, lumière sur les propositions des candidats dans le domaine du logement. Bien que n’étant pas une compétence européenne, certaines (rares) listes voudraient favoriser la construction et la rénovation de logements sociaux grâce aux fonds européens.

 

HLM logement social
HLM logement social

C’est le parent pauvre de ces élections européennes. Dans de nombreuses listes candidates (La République en marche, Les Républicains ou encore le Rassemblement national), le logement n’apparaît que de manière parcellaire. A peine quelques mentions. Et pourtant, les instances européennes pourraient avoir un rôle déterminant à jouer dans ce domaine qui ne relève pourtant pas de leur compétence.

L’Union européenne peut en effet être amenée à financer des opérations de construction ou de rénovation de logements, dès lors que ces projets répondent à un objectif de « cohésion ». C’est dans ce sens que l’Union sociale pour l’habitat (USH) et Housing Europe, la fédération européenne du logement social, ont appelé « à faire du logement social et du logement abordable un sujet à part entière de la campagne et du prochain mandat ».

Car la situation devient de plus en plus tendue en Europe. Dans un rapport de mars 2017, Eurostat estimait que plus d’un citoyen européen sur dix était classé par l’Union européenne comme souffrant d’une surcharge du coût du logement, c’est-à-dire dans une situation où plus de 40% de leur revenu personnel (« net » d’allocation logement) est dépensé dans le logement.

Enrichir l’offre de logements sociaux

La liste de France Insoumise, menée par Manon Aubry, souhaite « enrichir la notion de droits sociaux pour y inclure un droit au logement opposable protégé par le droit européen et garantissant des conditions d’existence conformes à la dignité humaine ».

Le Parti communiste français (PCF) va plus loin. La liste est menée par Ian Brossat, ancien adjoint à la maire de Paris chargé du logement, milite pour qu’ « un million de nouveaux logements sociaux [soit] construit pour répondre à la demande ». La liste ne détaille pas pour autant la manière dont ce plan pourrait être mis en œuvre au niveau européen. Mais pour le PCF, « ce levier doit être utilisé pour promouvoir une politique publique innovante en matière de normes énergétiques de l’habitat », détaille-t-il au Moniteur.

La liste en profite pour dénoncer « le projet de cadre budgétaire pluriannuel 2021-2027 de l’UE qui envisage de baisser fortement les fonds structurels européens alors même qu’un rapport sur le logement social voté par le Parlement européen en 2013 appelait à une meilleure utilisation des fonds Feder [Fonds européen de développement régional, l’un des fonds structurels européens – NDLR] pour l'efficacité énergétique dans le logement social ».

Entre demande de financements au niveau européen…

C’est l’un des nerfs de la guerre pour l’Union des démocrates et des indépendants (UDI). La liste de Jean-Christophe Lagarde milite pour que le financement des logements sociaux vienne en partie de l’Union européenne. Selon le parti centriste, il faut s’appuyer sur deux politiques européennes. D'abord, les fonds européens de développement, notamment le Feder et le FSE (Fonds social européen, qui promeut la cohésion économique et sociale). « En effet aujourd’hui ces fonds sont trop peu utilisés pour le développement des logements sociaux et trop peu utilisés tout court », souligne la liste auprès du Moniteur. Nous souhaitons donc une utilisation plus optimale de ces fonds afin qu’ils financent notamment la construction de logements sociaux ou leur rénovation. »

La liste voudrait également s’appuyer sur les financements de la Banque européenne d’investissement (BEI) et le plan Juncker. « Nous souhaitons que ces politiques de relance de l'investissement perdurent avec des financements orientés en majorité vers l'environnement, le social et l’innovation. Ils pourront ainsi continuer de financer la construction de logements sociaux tout comme leur rénovation à visée environnementale », poursuit l’UDI.

… et actions à mener au niveau national

Pour la liste Génération.s, menée par Benoît Hamon, « le droit à se loger et à se bien loger est une priorité absolue. Cela passe avant tout par une maîtrise du coût du logement qui ne peut trouver de solutions que par une réglementation plus stricte (encadrement des loyers) et une révision fondamentale des politiques d’urbanisme pour en finir avec la sectorisation des fonctions des villes. »

[Méthodologie : Le Moniteur a étudié les programmes des principales listes aux élections européennes, annoncées comme les plus hautes dans les sondages d’intention de vote.] 

A suivre: Les européennes du BTP: les infrastructures (5/5) 

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