Les grandes difficultés du laboratoire nous placent en situation critique ». Président de l’Association pour la certification et la qualification des équipements de la route (Ascquer), Hervé Mangnan a tiré la sonnette d’alarme, le 14 octobre à Crépy-en-Valois (Oise), au début d’une journée co-organisée avec le syndicat des équipements de la route (Ser) à l’intention de Marie-Claude Jarrot, présidente du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema).
Piste d’essais unique en Europe

Longue de 2 km à proximité de Crépy-en-Valois (Oise), la piste d'essais de produits de marquage routier constitue un équipement unique en Europe, selon les équipementiers de la route
Cette dernière a pu vérifier la valeur de la pièce maîtresse du dispositif français de certification du marquage routier : sur la route nationale 2 et grâce à une convention avec la direction interdépartementale des routes du Nord, les industriels disposent de deux km pour tester leurs innovations en condition réelle, « un service sans comparaison avec les manèges à fatigue des laboratoires », souligne Hervé Mangnan.
A raison d’une moyenne de 150 produits par an, les essais sur « les innovations cachées derrière la ligne blanche » suivent tous la même ligne directrice. Le président de l’Ascquer la résume en trois mots : performance, environnement, simplicité.
L’ingénierie s’ouvre aux modes doux
Mais la crédibilité repose sur l’autorité morale et technique du laboratoire d’Etat qui délivre les certifications françaises NF, très recherchées pour leur traçabilité, comme en témoigne la part majoritaire des industriels étrangers parmi les fabricants qui testent leur produit dans l’Oise : le Cerema pousse ses investigations jusqu’à vérifier la conformité des produits testés avec leur version industrielle.
Les professionnels défendent l’outil avec d’autant plus d’ardeur que les innovations validées sur la RN2 accompagnent la mutation de l’ingénierie routière : tous les usagers y ont conquis droit de cité, en particulier les piétons, les cyclistes et les conducteurs d’engins personnels de déplacement (EPD, essentiellement les trottinettes), à qui s’adressent les bandes photoluminescentes. « Pour anticiper l’envol du marché de la prévention de la glissance des piétons, l’Ascquer prépare un transfert vers la route de technologies éprouvées dans les bâtiments par l’institut national de recherche et de sécurité », ajoute Pierre Anelli, directeur de l’Ascquer.
Des technologies plus vertes
La diversification des usages s’ajoute au verdissement des technologies : les résines de pins succèdent aux produits pétroliers dans les enduits, et la consommation de matière est passée en quelques années de 800 g à 200 g/m2, dans les peintures à l’eau qui ont remplacé les solvants, sans pour autant perdre en durabilité.
L’industrie du marquage n’en oublie pas pour autant sa cible première, comme en témoignent les billes de verre protubérantes ou sur-brillantes qui améliorent le guidage des automobilistes par temps de pluie.
Promesse et incertitudes
« On ne doit pas vous lâcher. Je serai votre messagère » : Marie-Claude Jarrot a réchauffé le cœur des poseurs et des industriels. Dans l’immédiat, ils espèrent pouvoir compter sur le remplacement de deux ingénieurs chimistes sur le site du Cerema à Trappes (Yvelines).
Mais à plus long terme, le transfert partiel de la tutelle du Cerema vers les collectivités pose une question de fonds : l’Etat restera-t-il le garant technique et politique de la sécurité routière, après la réforme promise pour la fin de l’année par l’article 38 de la loi Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification (3DS) ?
« Débarrassés de ces questions de technostructure, nous allons pouvoir nous détendre, travailler plus simplement et retrouver le dynamisme freiné par ces turbulences : je consacrerai ma présidence à cet objectif », promet Marie-Claude Jarrot. Les professionnels ont pris acte de la volonté de la présidente, sans perdre de vue la montagne d’incertitudes à franchir, pour la transformer en réalité.
Un mandat sous le signe de la régulation électronique
%%MEDIA:2207282%%
Dominique Mondé préside le syndicat des équipements de la route depuis le 29 septembre
Sitôt élu à la présidence du syndicat des équipements de la route (Ser), Dominique Mondé, directeur général adjoint de Fayat Energies Services, s’attaque au dossier clé de son mandat qui a commencé le 29 septembre : l’interopérabilité des capteurs embarqués ou fixés aux infrastructures pour réguler le trafic. Un sujet qu’il connaît bien, comme président de la commission technique européenne TC 226, chargée de la normalisation des équipements de la route.
Outre la sécurité, la démarche vise à préparer l’arrivée des véhicules autonomes. De la Plate-forme automobile (PFA) aux équipementiers de la route en passant par les concessionnaires autoroutiers de l’Asfa, un consortium en cours de constitution négocie les soutiens de la France et de l’Union européenne, suite à l’appel à projets « Accompagnement et transformation des filières » (ATF) piloté par BPI France. François Leblanc (groupe Fayat) anime le groupe candidat dont la création officielle devrait intervenir à la fin de cette année.
« La France peut prétendre à un leadership européen, pour peu que l’Etat dégage les financements nécessaires », espère Dominique Mondé.