Les entreprises du paysage sur un nuage

Un boom historique et un seuil symbolique résument la conjoncture du paysage. Selon le baromètre Unep Valhor Agrica, le chiffre d’affaires a bondi de 13,5 % entre les premiers semestres 2020 et 2021, pour s’établir à 6,3 milliards d’euros fin 2020. Le nombre d’entreprises dépasse désormais les 30 000. Seules les difficultés de recrutement ternissent le tableau.

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Président de l'Union nationale des entreprises du paysage, Laurent Bizot "constate un changement profond du regard sur de dépenses autrefois considérées comme superflues".

Les particuliers tirent toujours l’activité paysagère : + 17,5 % de chiffre d’affaires sur un an, selon le baromètre semestriel Unep Valhor Agrica publié le 7 octobre. Mais les maîtres d’ouvrages publics et privés, qui totalisent l’autre moitié du marché, augmentent également leur commande, avec des croissances respectives de 6,5 et 13 % entre les premiers semestres 2020 et 2021.

Nouveau regard des donneurs d’ordres

Les données correspondent au ressenti de Laurent Bizot, président de l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) : « Comme chef d’entreprise habitué aux copropriétés et aux promoteurs, je constate un changement profond du regard sur des dépenses longtemps considérées comme superflues ».

Cerise sur le gâteau, la reprise des marchés publics rompt avec la fatalité dépressionnaire des débuts de mandats municipaux, même si cette tendance ne s’applique qu’à la création de nouveaux espaces verts : « L’internalisation de l’entretien se confirme », constate Laurent Bizot. Dans le rebond en cours, le président identifie la trace de deux locomotives franciliennes : les chantiers du Grand Paris et ceux des jeux olympiques de 2024.

Formations pour créateurs

Autre bonne nouvelle apportée par le baromètre conjoncturel : les opérations de croissance externe qui rythment la concentration du secteur n’entravent pas la  dynamique de création, comme en témoigne le franchissement du seuil de 30 000 entreprises, au premier semestre 2021. L’Unep stimule cette dynamique à travers des modules de formation courts dédiés aux futurs patrons du paysage, dont les profils se diversifient : « Nous travaillons notamment à des reconversions professionnelles », souligne Laurent Bizot.

Une seule catégorie de taille d’entreprises donne des signes de fragilité : « la tranche intermédiaire, soit 20 à 50 salariés, peut éprouver des difficultés de positionnement de marché, entre les grandes et les petites », remarque le président.

Plus 5 % sur les bas salaires

Mais la grande préoccupation concerne les ressources humaines, dans un secteur qui a embauché 20 salariés par jour en 2020. « Nous pourrions doubler ce score en 2021, si nous trouvions les candidats », soupire Laurent Bizot. 60 % des employeurs ont cherché à recruter sans y parvenir, au premier semestre 2021.

L’organisation professionnelle a relevé en septembre le défi de l’attractivité avec une nouvelle grille de rémunération qui va au-delà des 3 % demandés par les syndicats de salariés : l’Unep a proposé une augmentation minimale de 5 % pour les six catégories les moins bien rémunérées, et de 2 % pour les cadres.

Cet arbitrage s’inscrit dans la campagne d’image concoctée en réaction à un sondage publié en début d’année : les jeunes identifient le paysage comme pauvre en perspective d’embauche et de carrière, pour des travaux pénibles, soit l’exact opposé des messages portés les 27 et 28 septembre dernier à Arras (Nord) au sixième séminaire annuel Ecole Entreprise organisé par l’Unep.

De l’ornemental à l’écologique

La communication institutionnelle pousse une transformation profonde : les valeurs écologiques relayent les fonctions ornementales traditionnellement associées au paysage. Le cap règlementaire du 1er juillet 2022 en apportera une prochaine illustration, lourde de conséquences dans les pratiques des entreprises comme dans le regard de la société sur leur activité : l’éradication des traitements phytosanitaires dans les copropriétés complétera une séquence rythmée en 2017 et 2019 par la même mesure, appliquée d'abord aux espaces publics, puis aux jardins des particuliers. « Finis, les gazons qui présentent l’allure de greens de golf », sourit Laurent Bizot.

Autre acquis règlementaire majeur : la désimperméabilisation des parkings promise par la loi Climat & Résilience ouvre un boulevard au paysage. Afin d’enrichir l’arsenal des politiques publiques de lutte contre l’étalement urbain, l’Unep poursuit sa campagne pour la création d’un marché de la biodiversité, calqué sur les certificats d’économie d’énergie et susceptible de financer les compensations à l’artificialisation. « Ce n’est pas encore contractualisé, mais nous sommes en bonne voie », annonce son président.

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