Les carrières veulent s'inscrire dans les politiques de biodiversité. C'est ce qu'a fait apparaître le Forum national "Pour une contribution des carrières à la biodiversité", tenu au Muséum national d'histoire naturelle le 26 décembre 2009 et qui a réuni scientifiques, experts, élus, associations et carriers.
Les carriers, via leurs organisations professionnelles, l'Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction) et l'UNPG (Union nationale des producteurs de granulats), et en partenariat avec des scientifiques, se sont dotés d'études établissant le rôle que leurs exploitations jouaient relativement à la faune et la flore.
Front de taille
Successivement en 1998 et en 2007 deux recensements, portant sur 17 carrières alluvionnaires et 35 carrières en roche massive ont établi le rôle de ces exploitations en matière de biodiversité. 1092 espèces de végétaux, 85 espèces de papillons et 121 espèces d'oiseaux, etc. y ont été dénombrés, dont des espèces rares. Pour Jean-Claude Lefeure, professeur émérite au Muséum d'histoire naturelle, cette surprise n'en est pas une : « Un front de taille c'est une perturbation, comme la nature en créé elle-même par l'érosion. Or la faune et la flore savent les recoloniser ».
Les carrières recréent, incidemment, des habitats devenus rares dans nos paysages policés, où les bras morts ou les éboulis disparaissent. Elles reçoivent donc des espèces pionnières, auxquelles s'ajoutent, si on laisse faire la nature, des successions de populations qui interagissent. Mieux encore elles peuvent constituer des sous-ensembles de cheminement pour des espèces à progression lente. Elles peuvent alors entrer dans le cadre des "trames vertes" et des "trames bleues", d'autant plus que, selon Christian Béranger, président de la commission Environnement de l'Unicem, 30 à 40% des exploitations se situent dans ou à proximité de zones Natura 2000.
Devancer les obligations
Le coût des études menées dans ce cadre, 1,5 millions d'euros, est significatif de l'attention portée par les professionnels à la protection de l'environnement. Les carriers, dont l'activité est encadrée par la loi depuis de nombreuses années (autorisation d'exploitation, études d'impact, obligation de remise en état, etc.) affirment devancer volontairement les obligations.
C'est sans doute une manière de mieux faire admettre des exploitations qui n'ont pas toujours bonne presse, admet Dominique Hoestlandt, le président de l'Unicem. Mais aussi l'effet d'une réelle sensibilité à l'environnement en même temps que la volonté de mieux collaboration avec leurs partenaires, notamment les collectivités locales, ou encore celle de se situer dans les politiques publiques.
Soucieux de poursuivre dans cette voie, la profession avance dix propositions qui se répartissent dans trois chapitres : amélioration des connaissances (études, protocoles d'expertises, mutualisation des données scientifiques) dialogue avec les partenaires, accompagnement des politiques publiques (trames bleues et vertes, évolution des études d'impact).
Pratiquement, les carriers doivent et devront appliquer des règles de bonne conduite pendant et après l'exploitation, en se fondant sur des guides. "Ce n'est pas toujours facile admet Nicolas Vuillier, président de l'UNPG : Les règles de sécurité imposent des fronts de taille dont la hauteur est limitée à 15 m. Les écologistes préfèreraient 30 m pour certains oiseaux !".