Et si la France se mettait à aimer ses artisans ? Pendant longtemps, notre pays les a mal considérés. Tous les pros ont connu cette période où les familles menaçaient les enfants un peu faibles à l'école de finir artisans s'ils ne faisaient pas un petit effort. De même, les gouvernements français, quelle que soit leur couleur politique, ont souvent parlé des petites entreprises, mais ont surtout agi pour les grandes. Et le pays de Descartes et de Jules Ferry a toujours idéalisé l'intellect et méprisé la main.
Les choses changent, pourtant. L'épanouissement dans les métiers de bureau ne paraît pas acquis pour tout le monde, et de nombreux cadres rêvent d'indépendance et d'un rapport plus étroit avec le réel. La montée de la conscience écologique conduit de plus en plus de personnes à faire ou à réparer elles-mêmes, donc à constater que la fameuse séparation entre l'intellectuel et le manuel relève de la mythologie. Indépendants, détenteurs d'un savoir-faire, sollicitant leur esprit en même temps que leur main, les artisans ont toutes les raisons d'être à la mode.
Mais cela ne doit pas conduire à les idéaliser. Le baromètre annuel Artisanté, dont nous publions les résultats en pages 18 et 19, rappelle que les artisans subissent le stress, la fatigue et parfois le découragement. La rançon de la gloire !
