L’acquisition par Saint-Gobain de Térmica San Luis, premier fabricant argentin de laine de roche, avec une production annoncée de 2500 tonnes par an, a été actée le 1er février dernier.
Elle permet à Saint-Gobain, leader du marché argentin des isolants en laine de verre, « d’entrer directement sur le marché des isolants à base de laine de roche pour les sites industriels dont la demande est tirée par le secteur de la pétrochimie », a expliqué au Moniteur, Leandro Garciandia, directeur général de Saint-Gobain Argentine. « Les fils du fondateur de Térmica San Luis, Eduardo Jacobi, ont préféré ne pas prendre la relève et vendre son entreprise créée il y a 40 ans. Nous avons saisi l’opportunité », raconte-t-il.
Cette laine de roche doit aussi pourvoir le marché de la construction résidentielle. L’architecte argentin Federico García Zúñiga, consultant de l’association nationale des industries des matériaux isolants (Andima), révèle que « seul 1% du parc argentin de 17 millions de logements est doté d'une isolation. Avec le renchérissement du coût des énergies, un tel déficit devra bien être comblé. La réglementation de la performance énergétique des bâtiments relève de facto, en Argentine, de l’autorité municipale. Les villes de Buenos Aires, Rosario, Neuquén et Mendoza ont établi de nouvelles normes mais leur application laisse encore à désirer faute de budget », avoue-t-il.
Il explique que les logements sociaux financés par l’État fédéral argentin n’incorporent toujours pas systématiquement, dans leurs clauses de construction, l’usage de matériaux isolants, un énorme contre-sens économique, selon lui : « Dans notre pays de plus en plus chaud, le coût des systèmes de ventilation et de climatisation est tel que remettre ces logements mal isolés à des pauvres revient à leur donner les clefs d’un SUV », dit-il, tout en notant du progrès en la matière.
Tripler la production dans les cinq ans
L’usine de Térmica San Luis se trouve à San Luis, capitale de la province du même nom, où abonde le basalte. Celui-ci est d’abord concassé, fondu dans ses fours, puis fibré sur des rotors avant d’être façonné en matelas de laine.
« Nous investirons dans cet outil 10 millions d’euros d’ici à 2027 afin de tripler sa production actuelle et de le mettre en conformité avec les standards environnementaux de Saint-Gobain », a informé le directeur général de Saint-Gobain Amérique latine, Javier Gimeno, au journal argentin Clarín. « Le déficit de logements en Argentine joue en notre faveur, tout comme la conscience environnementale croissante de ses classes moyennes », a-t-il résumé.
Selon ses dires, le marché argentin représenterait pour Saint-Gobain 1% du total de ses opérations dans le monde; l’Amérique latine y contribue à hauteur de 10% ; le Brésil y est son pôle régional où le groupe contrôle 60 usines.
En 2021, Saint-Gobain avait inauguré près de Buenos Aires, à Exaltación de la Cruz, sa deuxième usine à verre flotté en Argentine, celle-ci étant co-exploitée avec NSG-Pilkington et destinée à pourvoir un marché sud-américain importateur net de matériaux
