À Hérouville-Saint-Clair, dans le Calvados, Jamel Debbouze a été reçu cinq sur cinq ! Égérie de la campagne institutionnelle de l'Agefiph*, le comédien y a vu son antienne (« Le handicap n'est pas un frein à l'emploi ») appliquée à la lettre. Dans son entrepôt logistique, le distributeur normand - l'un des rares acteurs de la filière Bâtiment à avoir signé le Pacte mondial de l'Onu (voir ci-contre) - a en effet lié la parole aux actes. Grâce à un projet de management par le développement durable. « Le respect de l'humain est l'une des valeurs clés de l'entreprise, rappelle Philippe Nantermoz, directeur du développement de l'enseigne. Dans le cadre d'une réflexion sur notre responsabilité sociétale, le groupe a souhaité trouver des activités qui permettraient de valoriser, en milieu professionnel réel, le travail de personnes présentant un handicap physique ou psychomoteur. » Après un accord conclu avec un Esat (établissement et service d'aide par le travail, nouveau statut des ex-CAT), le grossiste a installé un « atelier protégé » dans son centre logistique.
« Autonomie et reconnaissance sociale »
Après une première étape d'immersion en janvier 2009, l'équipe de sept personnes encadrée chaque jour, durant huit heures, par un moniteur - s'est vu confier trois missions : le reconditionnement de produits ; la protection de certaines références fragiles ; l'association d'éléments pour constituer un produit fini. Avec des effets quasi immédiats sur le plan économique, mais aussi environnemental. Pour Gérard Anfroy, le directeur logistique adjoint, « ce projet a permis de supprimer des coûts de transport en réduisant nos prestations extérieures, mais aussi de réaliser des économies d'emballages en supprimant la palettisation des produits à reconditionner ». Si la direction Qualité & développement durable reste plutôt discrète quant au bilan chiffré de l'opération, la démarche a eu « un impact non négligeable » en termes d'empreinte environnementale. Autre atout ? Une « sensible » amélioration de la disponibilité des produits à la vente grâce à des reliquats de commandes en baisse. En contribuant à changer le regard et les comportements sur ce qui reste trop souvent encore ! - un tabou social, cet adhérent d'ABCD appréhende désormais le handicap au quotidien. « Au-delà d'avancer dans notre démarche de développement durable, nous tentons d'apporter à cette équipe des éléments pour acquérir une autonomie personnelle », convient, avec humilité, Philippe Nantermoz. Avec, in fine, le souhait que ces sept personnes « retrouvent une. vie sociale ». À l'heure où Chantal Jouanno, la secrétaire d'État à l'Écologie, suggère « la révision de notre modèle de croissance » en lançant l'idée d'un Grenelle III, le distributeur normand a peut-être, à sa façon, apporté une pierre à l'édifice. En attendant, l'entrepôt d'Hérouville, lui, a dépassé le quota d'emplois d'handicapés fixé par la loi de 2005.

