«Notre logement nous habite autant que nous l’habitons…» Bachelard ne l'aurait pas mieux dit. Notre «maison» ne se résume pas à quatre murs et un toit. Chambre en ville, pavillon de banlieue, maison de campagne, mobile home, peu importe. C’est chez nous, c’est notre intérieur, mais aussi notre intériorité. Notre «chez-soi» dit quelque chose de nous-même, sur le plan intime, personnel, mais aussi collectif. Documenter nos logements et la transformation de l'habitat, depuis la Libération, les HLM des Trente Glorieuses, jusqu’au micro-studio parisien grand comme un placard à balai et à la villa «Mon doux nid» alignée sur celle des voisins, c’est raconter quelque chose de la société française et de ses (r)évolutions.
L’ouvrage retrace, par l'évocation vivante de situations construites, tout un pan de l’histoire contemporaine : les architectes de la Reconstruction, les promoteurs, les politiques ; Grundig, Moulinex et Formica, les marques qui ont bercé nos grands-parents, les habitants enfin, qui y ont imprimé leur âme et qui ont assisté, les larmes aux yeux, au foudroyage de «leurs» grands ensemble, avec la promesse de jours meilleurs dans un décor urbain «apaisé». A l’intérieur de ces espaces, continuent de s’écrire nos vies… Aux meubles Henri II en chêne ont succédé les étagères Ikea. Aux baignoires en fonte à pied de lion, des douches zéro ressaut, «à l’italienne», aux papiers peints orangés à motifs des murs blancs… Habiter est toujours une affaire politique et, par la même, offre une fenêtre sur la société française.
«Notre chez-soi. La maison des Français depuis les Trente Glorieuses», par Jean-Louis André, 145 x 220 mm, 240 p. 23,90 euros. Editions Odile Jacob.