Le terminal multimodal du Havre, une opération « mal montée », selon la Cour des Comptes

Si le terminal, après l’échec d’un premier démarrage en juin 2015, fonctionne désormais, il n’a pas encore trouvé son équilibre économique, pointe le gendarme financier.

Réservé aux abonnés
Cour des Comptes
Selon la Cour des comptes, le terminal ne trouvera son équilibre financier qu'en 2046.

Le réquisitoire est sévère. La Cour des Comptes a estimé mardi 9 octobre 2018 que la construction du terminal multimodal du port du Havre, qui a coûté 10,9 millions d'euros de plus que ce qui était prévu au départ, avait été "mal montée" et l'intérêt public "mal protégé".

Le terminal multimodal, livré en juin 2015 par le maître d'ouvrage LH2T (Le Havre Trimodal Terminal), vise à faciliter l'acheminement fluvial et ferroviaire des conteneurs vers et depuis Port 2000, la plate-forme du port du Havre dédiée à l’accueil de porte-conteneurs géants.

Mais la structure avait été placée en redressement judiciaire quelques mois seulement après sa mise en service, à la suite de difficultés financières et techniques.

Déséquilibre public-privé

Dans un référé rendu public ce mardi, la Cour estime que le bilan financier de l'opération, entièrement financée par l'argent public, s'avère "fortement déséquilibré entre acteurs publics et privés".

"Le terminal a été entièrement financé par des fonds publics et le coût final de l’équipement (147,8 millions d'euros) a crû de 10,9 millions d'euros par rapport aux prévisions de 2012", souligne le référé, adressé le 26 juillet aux ministères concernés.

Ainsi, le grand port maritime du Havre (GPMH) a-t-il "consenti au fil de l’eau 9,3 millions d'euros de dépenses non prévues initialement; il a accru son endettement de 21,6 millions d'euros; et il a pris près de 17 millions d'euros d’engagements financiers", souligne la Cour. A l'inverse, les acteurs privés n'ont de leur côté subi "que de très légères pertes, liées à la perte du capital social de LH2T (la société exploitante, NDLR) à sa liquidation".

Equilibre en… 2046

"Si le terminal, après l’échec d’un premier démarrage en juin 2015, fonctionne désormais, il n’a pas encore trouvé son équilibre économique", stipulent de surcroît les enquêteurs. Au total, l’opération ne sera équilibrée pour les finances du port qu'en 2046 avec un taux de rentabilité interne de 0,9 % si l’exploitant du terminal règle le loyer prévu.

La Cour juge que la réalisation du terminal a été lancée "à la hâte sans analyse préalable et dans des conditions protégeant mal les intérêts publics". Elle reproche ainsi au port du Havre d'avoir lancé un appel à projets "sans analyse préalable de la meilleure option envisageable pour assurer la desserte de Port 2000".

Sans équivalent en France, le terminal s'étend sur une centaine d'hectares au pied du Pont de Normandie. Doté d'une cour ferroviaire de huit voies, d'un quai de 400 mètres de long et d'une zone de stockage de 2600 conteneurs, il a été conçu pour accueillir 500 000 conteneurs par an, soit 25% du trafic total au Havre.

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !