Le transport en commun en site propre va sortir des murs de la ville centre. Thème d’une visite des derniers Entretiens de l’aménagement, le 23 juin, ce nouveau chapitre dans l’histoire des mobilités de Clermont-Ferrand justifie l’ambition métropolitaine : « un réaménagement de façade à façade sur la presque totalité des axes », annonce Véronique Fleschmann, cheffe de projet chargée de la communication d’InspiRe au syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération clermontoise (SMTC).
Ingénierie musclée
Le partage du travail entre les deux maîtres d’ouvrage témoigne de la quasi-égalité entre deux objectifs : 59 % pour la mobilité pilotée par le SMTC, 41% pour l’aménagement, sous l’égide de Clermont Auvergne Métropole. Sur 280 millions d’euros d’investissement, l’Etat en apporte 21. Outre les 27 km des lignes B et C, InspiRe revisite l’ensemble de l’offre de bus, ce qui justifie son nom destiné à suggérer le nouveau souffle sur les mobilités clermontoises. Après la mise en service à la fin 2025, l’achèvement des travaux nécessitera une seconde phase au début du prochain mandat municipal.
Une ingénierie musclée pilote l’opération : secondé par Egis, Setec détient le rôle d’assistant à maître d’ouvrage stratégique. Ingérop assume la maîtrise d’œuvre, avec l’appui de Villes & Paysage. Moins visibles, mais déterminants, s'ajoutent les conseils et retours d'expérience apportées par la régie de transport en commun de l'agglomération clermontoise (T2C).
Projet dans le projet en hypercentre
Dans l’hypercentre où se croisent les deux lignes et où se concentrent les enjeux de mobilité et d’aménagement, l’agence de paysage In Situ prend la main pour la maîtrise d’œuvre d’un projet dans le projet, baptisé Allées du Cardo.
Clermont-Ferrand se prépare à emboîter le pas de Nantes et Grenoble, avec la création d’une Zone à trafic limité. Le débordement de deux parcs dans les voiries – jardin Lecoq et square de la Jeune résistance – contribuera au nouveau souffle urbain de la capitale auvergnate, qui a récemment rejoint le club des villes à 30 km/h.
Sur l’ensemble du parcours, la même hiérarchie s’applique, conformément aux orientations des assises locales de la mobilité de 2015 – 2016, puis aux résultats de la concertation du début 2021 : priorité aux modes doux, suivis par les transports en commun, la végétalisation et enfin l’automobile.
Compromis délicats
Quand la distance de façade à façade passe sous les 20 m, les difficultés commencent et les compromis s’imposent : sens uniques et petits détours pour les automobilistes, ruptures de continuité végétale… Sur ce dernier point, le solde devrait consoler les défenseurs des arbres : InspiRe en ajoutera 1300, malgré 300 abattages, souvent imposés par les continuités cyclables.
Desserte d’une école maternelle proche du centre-ville, la rue Oradou aura donné du fil à retordre aux concepteurs et aux maîtres d’ouvrage. Pour le stationnement, le SMTC poursuit les études de mutualisation des parkings résidentiels, un pas déjà franchi par le bailleur Auvergne Habitat.
Un dépôt signal en entrée de ville
Pour la largeur des voies cyclables, les nouvelles recommandations du Centre d’études et d’expertise sur l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema) n’auront pas d’impact sur InspiRe : « Il aurait fallu tout reprendre. Un bon projet est un projet qui se fait », tranche l'un des pilotes du projet à la régie T2C.
Près de l’entrée de la ville centre et du pont autoroutier récemment rénové par APRR sur le territoire de la commune de Cournon, le nouveau dépôt s’annonce comme un des symboles forts du nouveau souffle : les ombrières produiront une quantité d’électricité égale à la consommation de l’ouvrage attendu pour août 2025. Le maître d’ouvrage ambitionne d’y intégrer 700 tonnes de bois, principalement issu du Massif central. La systématisation de la marche avant fluidifiera les rotations des 190 bus stationnés.
Cournon repense son coeur
Avec la dislocation de son ancienne pénétrante routière au profit d’une place carrée, la recomposition du centre de Cournon s’annonce comme un des principaux chantiers d’aménagement consécutifs à InspiRe.
D’autres métamorphoses s’annoncent dans la périphérie de Clermont-Ferrand, comme en témoigne l’enquête publique en cours sur le quartier Saint-Jean, desservi par la ligne B et repensé depuis 2018 par l’urbaniste Bernard Reichen avec une mixité de fonctions organisées autour d’un parc. Un nouveau lycée annoncera ce renouvellement dès la rentrée prochaine.
La bataille de l’attractivité
L’attractivité d’InspiRe se jouera sur une vitesse moyenne de 20 km/h pour les bus électriques, partiellement rechargeables dans quelques stations. Confronté comme d’autres à une désaffection post-covid pour le transport collectif, le SMTC expérimente depuis le 4 décembre la gratuité de ses services pendant le week-end. Le gel des tarifs d’abonnement complète le dispositif commercial.
Enfin, un bus remastérisé aux couleurs d’InspiRe vante le nouveau souffle d’une métropole qui ne néglige aucune occasion pour se refaire une beauté, dans la perspective de sa candidature au titre de capitale européenne de la culture en 2028.
