L'idée
Pendant vingt ans, Yves Gilet a été artisan dans le bâtiment, d'abord dans la maçonnerie générale avant de devenir, entre 2012 et 2015, spécialisé dans la serrurerie de pose dans l'Hérault. C'est pour mettre fin à la « la tyrannie du référencement payant » qu'il a créé en 2015, avec le soutien de la Capeb 34, la start-up Qui Ouvre, à Béziers.
Yves Gilet est parti d'un constat simple : « Quand un particulier se retrouve à 23 heures devant sa porte close, il fait partie d'un marché captif et appelle le premier dépanneur trouvé sur son moteur de recherche. Or, celui-ci n'est pas nécessairement un truand, mais il est soumis au coût par clic, de l'ordre de 100 € sur le mot dépannage serrurerie à Paris, et n'a de retour qu'une fois sur quatre. Quand il part de chez lui, son référencement coûte déjà 400 € de charges et va entraîner une facture d'un minimum de 700 € ! »
Le fonctionnement
Pour être « plus éthique », et proposer des « prix honnêtes et fixes », l'ancien artisan a mis au point, en 2017, une application multifonctions, qui comprend géolocalisation, cartographie, optimisation du trajet, communication par push, un outil de devis en ligne et la possibilité de prendre une photo avant et après travaux pour accéder à une fonction « push succès ». Enfin, la réussite de la mission (suivie en temps réel par une fonction de tracking) doit être confirmée par les particuliers. Toujours en 2017, plutôt que de s'attaquer directement à ce marché, la start-up a noué un partenariat avec un service d'assistance de la Maaf (groupe Covéa), qui ne disposait pas de réseau de serruriers de dépannage pour intervenir en urgence auprès de ses assurés. Qui Ouvre joue le rôle d'interface entre le demandeur et le serrurier.
Deux tarifs plafonds intègrent déplacement, main-d'œuvre et commission: 117 € TTC en journée, 148 € TTC la nuit, les week-ends et les jours fériés. Il s'agit donc du net perçu par les 700 serruriers (avec une moyenne de 2 à 3 salariés) de ce réseau national. « Pour en faire partie, il faut afficher deux ans sans sinistralité ni malfaçon à la date de l'inscription et être à jour de ses obligations fiscales et sociales, précise Yves Gilet. Il n'y a ni engagement ni droit d'entrée et le serrurier n'a pas à tenir de comptabilité. »
L'avenir
Si cette solution génère 300 dépannages d'urgence par mois, l'objectif est d'en réaliser quatre fois plus d'ici à 2020, en travaillant avec d'autres assureurs. « Si nous différons encore l'ouverture directe aux particuliers, la question se posera tôt ou tard », admet celui qui souhaite avant tout structurer la filière, dont la certification de dépannage d'urgence Depanéthic est le premier palier : « Nous avons fait valider notre démarche par Bureau Veritas en janvier 2019. » Un serrurier est certifié dès lors qu'il réalise trois dépannages avec succès. Enfin, selon Yves Gilet, « les particuliers, les donneurs d'ordres et les artisans eux-mêmes, qui n'arrivent souvent pas à tirer leur épingle du jeu, ont intérêt à faire émerger ce nouveau modèle économique. » Le dépannage, longtemps déprécié, semble un nouveau marché porteur.
