La valorisation des déchets du BTP a bien progressé dans le Grand Est, et elle peut encore mieux faire. Cette conviction a été confirmée par la réunion professionnelle animée par l’Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction), le groupe Suez et l’Ademe, qui s’est tenue en fin de semaine dernière à Strasbourg (Bas-Rhin), dans le cadre du 10ème Forum du développement durable de l’association Idée Alsace pour le développement durable.
La préparation du Plan régional de prévention et gestion des déchets (PRPGD), adopté en octobre dernier par le conseil régional, a permis de dresser un état des lieux quantitatif assez exhaustif.
Ce travail de recensement a fait apparaître une production annuelle en Grand Est de 16,4 millions de tonnes de déchets du BTP, dont 13,9 millions de tonnes de déchets inertes (gravats, déblais, fraisats routiers…), le reste étant constitué de déchets classés non inertes et non dangereux (bois, plâtre…) ou classés dangereux (huiles de décoffrage, amiante.
A partir du gisement de déchets inertes, 11,3 millions de tonnes sont réemployées ou recyclées, soit 81 %. Ces volumes connaissent trois destinations, d’ampleur proche : remblais en carrières (3,6 millions ), réutilisation sur les chantiers de travaux publics (3,8 millions) et traitement par les plates-formes de recyclage, présentes de manière dense : on en dénombre 90 rien qu’en Alsace.
Le solde de déchets inertes, soit 2,6 millions de tonnes, part en ISDI (installation de stockage de déchets inertes) l’appellation moderne des décharges . « Le réemploi doit rester le premier réflexe », ont souligné les participants.
Devoir d’exemplarité et de transparence
Dans le Grand Est, le taux de valorisation en matière des déchets inertes frôle déjà le seuil de 70 % imposé pour 2020 par le PRPGD en référence à l’obligation nationale. Le plan régional vise à le faire grimper à 79 % en 2031. En outre, ce sont environ deux-tiers des volumes pouvant être recyclés qui le sont actuellement, ce qui laisse des marges d’amélioration.
Ces axes de progression, les gravières et sablières Helmbacher, très dynamiques sur le sujet du recyclage, en identifient de nombreux. « Cela commence par l’exemplarité des plates-formes » expose Stéphane Helmbacher le dirigeant de la société familiale bas-rhinoise : « il reste trop de cas de mauvaises expériences (en qualité de matériaux ou de prestations, NDLR) qui font que le client ne veut plus entendre parler du sujet ».
Ensuite, il faut « continuer à améliorer le tri sélectif des matériaux de déconstruction », faire évoluer la réglementation dans un sens « qui permette le recyclage dans tous les usages et dans tous les périmètres géographiques », et convaincre les maîtres d’ouvrage de se montrer plus volontaristes, de façon à ne pas se retrouver dans le cas, en cours, d’un donneur d’ordre d’un marché de 15 000 tonnes « qui ne jure que par l’alluvionnaire » (la matière prélevée dans le Rhin).
L’acceptation sociétale demeure l’enjeu majeur. Elle s’en trouvera facilitée si les entreprises se font proactives et transparentes, assure Stéphane Helmbacher. Sa société a mis en place une commission locale de concertation. « On a montré nos installations, on a discuté longuement, et le regard des riverains en a été fondamentalement changé ».