Les nouveaux usages numériques dans les logements ne font qu’émerger - télétravail, télé-enseignement, télémédecine, appel vidéo par internet, jeu vidéo en réseau, film en streaming, TV connectée… - et révèlent un élément déterminant : le besoin flagrant d’un accès au très haut débit effectif !
Le gouvernement et les collectivités ont investi depuis 2010, avec raison, des dizaines de milliards pour que tous les Français aient accès à ce très haut débit. Mais contrairement aux idées reçues, cette étape nécessaire n’est pas suffisante. Nous constatons que l’étape cruciale du raccordement final de la fibre optique à l’abonné rencontre trop souvent des problèmes.
En effet, plus d’un tiers des raccordements sont défectueux et n’apportent pas les performances attendues.
En tant que représentants de la filière électrique et numérique des bâtiments (fabricants, distributeurs, intégrateurs-électriciens) nous avons décidé de tirer la sonnette d’alarme et d’alerter les pouvoirs publics face à ce constat, en partageant publiquement les propositions faites dans le cadre de la consultation initiée par l’Arcep, démarche que nous tenons par ailleurs à saluer.
Il est maintenant temps d’aller plus loin et de de se mobiliser pour des mesures efficaces, ayant une incidence directe sur la qualité de la connexion internet, sur la pérennité de l’installation et sur la qualité du bâtiment.
Tout d’abord, la question de la responsabilité se veut importante et il y a un fort besoin de clarification des rôles de chaque partie prenante à opérer. L’opérateur télécom est certes responsable d’apporter du débit à l’entrée du logement, mais il n’est pas responsable du réseau de distribution situé à l’intérieur du logement, responsabilité qui incombe au particulier lui-même. On peut faire le parallèle avec la distribution de l’électricité : le particulier fait appel à un fournisseur d’énergie, mais sait qu’il est en charge du réseau électrique au sein de son logement. Il serait pertinent de rendre obligatoire le besoin d’informer les particuliers, en amont des travaux de raccordement, sur ce qui relève de l’opérateur et ce qui reste à la charge de l’usager.
Nous avons ensuite besoin d’imposer le recours aux entreprises qualifiées par un organisme de qualification indépendant accrédité par le Cofrac, avec un nombre de sous-traitance limité et un partage de bonnes pratiques, notamment dans le choix de produits conformes et dans le respect des règles de l’art telles que définies dans le guide Objectif Fibre. Accroître le pourcentage de contrôle obligatoire des installations de raccordement en plus d’imposer des entreprises qualifiées favoriseraient un élagage des professionnels non compétents.
Nous plébiscitons aussi la création d’un site internet d’information publique destiné aux particuliers, afin de sensibiliser les Français aux gestes et réflexes à avoir lorsqu’ils souhaitent se raccorder à la fibre optique, mais aussi sur les solutions pour améliorer la qualité de la connexion à internet dans leur logement.
Dans ce monde où tout devient numérique, nous sommes convaincus que le critère de décence d’un logement sera estimé dans moins d’une décennie sur la qualité de sa connectivité, qui est devenue une denrée essentielle dans le quotidien des Français. Mobilisons-nous dès maintenant pour agir et aller jusqu’au bout des investissements et des efforts consentis par l’Etat et les collectivités dans le très haut débit pour tous.
Créons ensemble ce climat de confiance, clarifions le rôle de chacun - pouvoirs publics, opérateurs télécom, professionnels du bâtiment, particuliers - pour que les Français ne soient plus confrontés à de fausses promesses, ou obligés de vivre un véritable parcours du combattant là où ils s’attendent à une fluidité d’accès au service numérique !
Alain Fragnaud, Président de la FDME
Emmanuel Gravier, Président de la FFIE
Benoît Coquart, Président d’Ignes
Eric Francey, Président du Sycabel
Christophe Bellanger, Président de l’UNA3E-Capeb