Réunie mardi 25 novembre au siège de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), l'assemblée du Plan Bâtiment Durable (PBD), composée d'une centaine de représentants d'organismes et de fédérations impliquées dans le projet, a dressé pour la troisième fois de l'année un panorama des sujets qui ont fait son actualité.
Pour la première fois, celle-ci se déroule sous les auspices de la transition énergétique, dont le projet de loi a été voté à l'Assemblée Nationale le 14 octobre. « Nous félicitons cette décision et nous nous réjouissons du titre consacré au bâtiment, a déclaré en guise d'introduction Philippe Pelletier, président du PBD. C'est une bonne chose que la représentation nationale s'empare de ce sujet tous les cinq ans afin de procéder aux ajustements nécessaires. »
Bruno Lucas, membre du comité exécutif de la FFB, a tenu à rappeler le rôle essentiel que joueront les entreprises : « Si la rénovation énergétique est en route, ce sont elles qui la feront. Elles sont force de proposition et forment la demande », a-t-il insisté.
Projets novateurs
Jérôme Gatier, directeur du PBD, a rappelé l'article 4 du projet de loi, qui implique la généralisation du bâtiment à énergie positive (Bepos) avant 2020, dans le cadre de la réflexion bâtiment responsable. « Mais il n'a de sens que lorsqu'il s'inscrit dans un environnement territorial. Au préalable, il est indispensable de définir ce que sera la règle en 2020, par la création de futurs labels et indicateurs de la performance énergétique qui embrasseront un champ plus large. »
L'exemple de la troisième révolution industrielle initiée dans le Nord-Pas-de-Calais a été évoqué comme une référence à suivre, en matière d'efficacité énergétique, de mobilité alternative et de développement d'énergies renouvelables intelligentes. « Les évolutions dans cette région sont surprenantes, a souligné Claude Lenglet, directeur du projet. L'assemblée a également félicité l'avancée des plates-formes bâtiment énergie, qui ont pour vocation à accompagner la mutation du secteur du bâtiment, mettre en application les changements induits par la transition énergétique et développer les entreprises locales.
La révolution du numérique
Si tous ces projets constituent le socle du PBD, le numérique est en phase de devenir son armature : « Il changera notre façon de construire et d'habiter, au même titre qu'il a changé l'automobile, a annoncé Philippe Pelletier. C'est une véritable révolution ! » Pour Bertrand Delcambre, ambassadeur du numérique dans le bâtiment, l'accueil de tous les acteurs, de l'amont à l'aval, est prometteur : « Le numérique va permettre d'accroitre autant la productivité que la qualité dans le BTP. Il permettra de gommer les ruptures, notamment entre l'avant et l'après livraison d'un bâtiment. » Si c'est un outil qui peut relancer la construction, le prix, la confiance et l'accessibilité sont encore des freins.
La carte vitale du logement est un exemple de ce que le numérique peut apporter au bâtiment, selon Philippe Pelletier : « Les données utilisées permettront d'avoir un meilleur usage du bâtiment, de faciliter le travail des entreprises et de la maitrise d'œuvre ainsi que la mutation du bien. »
Lutte contre la précarité énergétique
La précarité énergétique est également au centre des attentions du PBD. Selon l'ONPE (Observatoire de la précarité énergétique), qui prend en compte de nouveaux indicateurs, le nombre de ménages dans cette situation atteint 5,1 millions, soit 11,5 millions de personnes. « Le Plan de rénovation énergétique de l'habitat vise à faire sortir par la rénovation énergétique 300 000 ménages de cette situation avant 2017, a souligné Anne-Lise Deloron, directrice adjointe du PBD. Pour l'instant le bilan du programme « Habiter mieux » est très positif. »
L'assemblée a évoqué les thèmes du projet de loi qui vise à lutter contre la précarité énergétique, ainsi que sur les aides au financement dont bénéficient les particuliers, comme l'Eco-prêt à taux zéro (eco PTZ) et le crédit d'impôt pour la transition énergétique, qui s'inscrivent tous deux dans le principe d'éco-conditionnalité.
Mais la rénovation concerne aussi le parc tertiaire. Philippe Pelletier s'est réjoui du bilan de la charte pour l'efficacité énergétique des bâtiments tertiaires publics et privés. Elle engage 76 signataires à ce jour dans un mouvement volontaire de rénovation. « Ils ont défini un objectif compris entre 20% et 30% de réduction de leur consommation énergétique, à l'horizon d'une dizaine d'années. Un mouvement de dynamique a été créé et il continue à porter ses fruits. »
Perspectives
Jusque dans les administrations, les démarches volontaristes se multiplient. La région Rhône-Alpes a lancé le 17 novembre son plan bâtiment durable. Elle devient ainsi la septième région à concrétiser un tel projet. « Le modèle du PBD fonctionne, il faut le décliner régionalement afin de relancer le bâtiment », a insisté Philippe Pelletier.
Le PBD prévoit de lancer une action autour du thème de la biodiversité et des immeubles, ainsi que d'une charte de mise en mouvement des copropriétés, dont 2015 sera l'année de la rénovation, avec le déploiement de la formation Apogée. Le but est de former 1000 collaborateurs de syndics afin d'inciter les propriétaires à réaliser des travaux.
La prochaine assemblée générale du PBD aura lieu en mars-avril 2015.