Fermé au public depuis le 1er mars 2018, le musée de Cluny, à Paris (Ve), rouvrira partiellement ses portes dès la mi-juillet doté d’un nouveau bâtiment d’accueil (billetterie, vestiaires, librairie, espace pédagogique, ascenseurs, régie des œuvres). Ce chantier lancé en septembre 2016 aura donc été essentiellement mené en site occupé, dans le cœur historique de la capitale.
D’une surface au sol de 250 m², la construction pensée par l’architecte Bernard Desmoulin s’est implantée sur la pointe des pieds parmi les vestiges des thermes gallo-romains de l’antique Lutèce, dont l’appareillage en brique a été incroyablement bien conservé depuis 2000 ans. Les trois niveaux de plancher reposent sur quelques pieux en béton, ainsi que sur des poutres métalliques installées à 40 cm au-dessus de la couche archéologique, laissée en friche pour les futurs chercheurs.
« Le positionnement de l’accueil a fait l’objet d’une discussion acharnée entre les archéologues, les muséographes et les représentants des monuments historiques », se rappelle Paul Barnoud, architecte en chef des monuments historiques et responsable de la restauration des vestiges antiques. Au final il est idéalement situé : greffé à un édifice du XIXe siècle, en face du boulevard Saint-Michel, ce qui lui donne une meilleure visibilité depuis cette artère très passante.

Entre fonte…
Retenu en 2014, « le projet de Bernard Desmoulin ne joue pas dans le registre de la grandiloquence, mais dans celui de la subtilité », estime Clarisse Mazoyer, présidente de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (Oppic), maître d’ouvrage délégué. « Ce n’est pas le musée, seulement son accueil », relativise celui qui a été le lauréat du prix d’architecture de l’Equerre d’argent 2009. L’architecte savoure toutefois la « chance incroyable » de pouvoir prolonger l’histoire millénaire de ce site avec un « petit bâtiment du XXIe siècle ».
Dans ce musée national du Moyen Âge, Bernard Desmoulin œuvre « entre présence et effacement » pour « ne pas s’imposer au lieu ». Actuellement, le pavillon d’accueil se recouvre peu à peu de plaques en fonte d’aluminium dont la couleur varie tout au long de la journée : bronze dans l’ombre du matin, dorée au soleil de l’après-midi. « Il fallait une couleur qui soit en connivence avec celle des vestiges », souligne l’architecte. Les plaques présentent des motifs contrastés, tantôt rugueux, tantôt ciselés. Pour ces derniers, le concepteur dit s’être inspiré d’un motif de dentelles de pierre sculptées, présent dans la chapelle de cet ancien hôtel médiéval de Cluny. « L’ajout de plaques ajourées devant les parties vitrées permettra au bâtiment de perdre son échelle domestique, le transformant en signal urbain », assure le maître d’œuvre.

… et refonte
Le musée de Cluny, créé par la loi du 24 juillet en 1843, n’avait bénéficié d’aucune rénovation d’envergure depuis les années 1950. Le ministère de la Culture a lancé un projet global en 2011-2012 qui, selon le calendrier prévisionnel, devrait s’achever au printemps-été 2020. Le chantier s’opère en quatre volets : restauration des monuments, construction du nouvel accueil, refonte de la muséographie, rénovation des espaces extérieurs. « L’axe principal de cette refonte vise à améliorer l’accessibilité physique et intellectuelle du musée, indique sa directrice Elisabeth Taburet-Delahaye, pour accroître le rayonnement national et international du lieu. »