Le patron de Kaufman

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"Nous vivons une vraie crise financière. Cette crise a un impact très net sur notre activité": Guy Nafilyan, P-DG de Kaufman & Broad, qui réduit la voilure de son groupe pour faire face au ralentissement du marché, s'est montré extrêmement critique sur la politique gouvernementale qui n'a "aucune cohérence".

Les réservations de K&B ont reculé de 8% au quatrième trimestre. "Les ventes brutes étaient à un très bon niveau mais le taux de désistement, qui était de 19% en moyenne en 2006, est monté à 25% au quatrième trimestre", a expliqué le patron de Kaufman & Broad. "A cause de la crise, les banques ne prêtent plus à personne, ni aux entreprises, ni aux particuliers. Des dossiers de clients, qui passaient en juillet, on cessé de passer dès septembre. Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais cela ne va pas s'arrêter dans 8 jours", a-t-il ajouté.

Réduction de charges

Tirant immédiatement les conséquences de ce ralentissement des ventes, Guy Nafilyan a pris des dispositions pour réduire les charges. Il a renégocié le prix des fonciers en promesse de vente et renoncé à deux ou trois projets à la limite du marché. Le nombre d'opérations prévues en 2008 est ramené de 190 à 130. Par ailleurs, un effort est fait sur le coût des travaux. "Pour la première fois depuis 2000, les coûts de construction semblent se stabiliser". Les projets vont être simplifiés techniquement, une direction nationale technique va être mise en place et des discussions ont lieu avec les entreprises pour réduire les coûts. Aucun licenciement n'est prévu mais la centaine de personnes en période d'essai devra faire ses preuves si elle veut être confirmée. Les embauches sont stoppées.

Pour autant, quelques mois après avoir été repris par PAI (actionnaire à 81%) K&B affiche des résultats flatteurs pour 2007 et prévoit une croissance de l'ordre de 5% de son chiffre d'affaires l'an prochain.

K&B veut faire un retour dans l'immobilier d'entreprise, où il travaille pour compte de tiers et, surtout, il affirme ses ambitions dans les résidences pour personnes âgées dépendantes. Il devrait monter cette année dans le capital de Senior Santé, pour en devenir majoritaire ce qui demandera un investissement d'une dizaine de millions. Pour compter dans ce métier, il faut proposer 3000 lits, explique Guy Nafilyan. Aujourd'hui, il en dispose de 580 et il pense monter à 1300 rapidement et à 1600 après rénovation et agrandissement de maisons déjà détenues. Une opération de croissance externe (un groupe européen) est annoncée aussi.

"N'attendons rien du gouvernement"

Par ailleurs, le président de K&B s'est montré très critique sur les mesures annoncées par le gouvernement en matière de logement estimant qu'elles n'avaient "aucune cohérence". Il pense que la production de logements neufs va baisser. Selon lui, "on est très loin du compte" quant aux objectifs sur le logement social (120.000 par an) et cela durera "tant qu'on laissera le monopole" aux organismes d'HLM. Quelques instants plus tôt, il avait indiqué que les quotas de logements sociaux imposés dans les opérations privées pesaient sur les marges, de l'ordre de 1 à 1,5 point. A propos du nouveau produit promis sur l'investissement locatif privé, il a ironisé: "nous aurons un produit Boutin bientôt. Quelle chance!". "N'attendons rien de l'Etat, nous promoteurs constructeurs. Faisons nous-mêmes notre métier".

De même il s'est montré réservé sur le développement durable, se demandant si "les Français étaient prêts à rajouter 3 à 4% au prix de leur logement".

Françoise Vaysse

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