Encore vide depuis sa livraison en décembre dernier après huit mois de travaux pour 20 000 m2, le centre logistique accolé à l’usine Husqvarna de Mielec attend la saison creuse pour entrer en rodage. De septembre à mars, quand les commandes tourneront au ralenti, les transporteurs de palettes apprendront à conduire leurs engins sur des tracés conçus pour éviter tous déplacements inutiles, jusqu’aux racks superposés. Ils y rangeront ou y puiseront les pièces des quelque 230 fournisseurs issus du monde entier, notamment de Chine, des Etats-Unis, d’Inde et même de Pologne, livrées par camions dans des créneaux horaires précis pour éviter toute rupture de charge.
Déploiement logistique
Au printemps 2018 après cette période de rodage, le site qui totalise 45 000 m2 fera le plein de ses effectifs qui varient entre 140 et 600 collaborateurs. Le personnel formé en saison creuse pourra encadrer les intérimaires. Derrière la porte du magasin, l’usine d’assemblage de tondeuses autoportées et à conducteur marchant préparera une nouvelle étape de sa montée en puissance : à la fin 2018, elle détiendra la compétence mondiale pour la production de masse de riders. Le siège suédois ne conservera des ateliers dédiés à ce type de machines que pour le développement de nouveaux modèles.
Cette prochaine étape, dans une montée en puissance continue depuis l’ouverture du site en 2010, comprendra le rapatriement à Mielec des modèles collector du 30ème anniversaire, fabriqués cette année à seulement 1000 exemplaires, dont 500 pour la France et autant pour l’Allemagne. Co-inventeur du rider en 1987 avec son concurrent et compatriote Stiga, le fabricant suédois ne s’est pas contenté de synthétiser les innovations qui ont jalonné les trois dernières décennies, notamment la réduction du rayon de braquage, le relevage du carter en position de service pour favoriser le nettoyage et le stockage. Avec des machines proposées en deux ou quatre roues, il y ajoute le choix entre deux modes : ramassage ou mulching. « Alors que nous promouvons le mulching, l’option ramassage paraît paradoxale, mais elle rassurera les clients », argumente Fabienne Molinuevo, chef de produits roues sur le marché français.

Course à la qualité
Avant même l’introduction de ces nouveaux modèles dans ses lignes d’assemblage de Mielec, les riders occupent la partie la plus robotisée de l’usine, qui produit également des tondeuses à conducteur marchant, y compris, dans les mois à venir, les modèles électriques sans fil. Les tableaux remplis chaque matin, à l’entrée des ateliers, puis analysés au cours d’une réunion d’1/4 d’h par les superviseurs, témoignent du faible écart entre les objectifs de qualité, revus chaque année à la hausse, et les résultats. Comme tous les sites du groupe suédois, l’usine polonaise applique le Lean management, baptisé ici Husqvarna Operating System. L’exigence de qualité passe notamment par le test systématique des machines – 200 000 en 2016, et 300 000 programmées cette année – dans un local construit selon des normes anti-explosion.
Compétitivité record
Muet sur le chiffre d’affaires de l’usine qui a décroché en 2014 la distinction interne de « l’excellence en amélioration continue », le groupe ne cache pas la satisfaction que lui procure sa montée en puissance, après un investissement initial d’environ 28 millions d’euros en 2010. « Même si les salaires augmentent de 4 à 5 % par an, le coût de main d’œuvre reste très compétitif, avec des rémunérations inférieures à 700 euros pour les ouvriers. D’autre part, le niveau de qualification se révèle tout-à-fait comparable à celui de l’Europe de l’ouest, dans ce bassin d’emploi industriel, où, jusqu’à la chute du mur, l’aéronautique employait 25 000 personnes », explique le directeur danois de l’usine, Jesper Andersen. La proximité de tous les marchés européens et la qualité des dessertes autoroutières s’ajoutent à la compétitivité de la main d’oeuvre. Cet atout géographique concerne notamment la France, un des premiers pays visés par Mielec.

Conjoncture ascendante
Last but not least, les années à venir suscitent un pronostic d’autant plus positif que la conjoncture française de l’outillage de jardins réamorce un cycle de croissance, reflété en octobre dernier par l’étude annuelle de GfK pour le syndicat de fabricants Secimpac : + 4,3 % entre 2015 et 2016 ; plus 18 % pour les tondeuses autoportées à coupe frontale ; et plus 14 % pour celles de ces machines qui possèdent un rayon de braquage nul. Ces perspectives s’affirment au moment où Husqvarna met en place sa force de vente pour le marché polonais, en s’inspirant de l’équipe française dirigée par Jérôme Le Potier.