A l’hôtel de ville de Cholet (Maine-et-Loire), c’est la crise. Depuis cet été, rien ne va plus pour Gilles Bourdouleix, maire divers droite depuis 1995 et pourtant réélu en juin 2020 avec 53,95 % des voix.
Les ennuis ont commencé le 20 juillet 2020, lorsque le Conseil d’Etat décide d’annuler les élections en raison du non-respect de certaines dispositions du code électoral au second tour. Les quelque 37 000 électeurs inscrits à Cholet sont appelés à revoter les 19 et 26 septembre pour élire leur maire.
Gilles Bourdouleix devra donc à nouveau affronter le suffrage électoral… mais également la justice. Selon le procureur de la République d’Angers, Eric Bouillard, cité par l’AFP, trois enquêtes préliminaires ont été ouvertes concernant des faits supposés de favoritisme, de détournement de fonds publics, de concussion (perception illicite d’argent par un fonctionnaire) et d’infractions à la réglementation sur les armes dans la police municipale. Le 18 août dernier, des perquisitions ont été menées par les enquêteurs du service régional de police judiciaire d’Angers en présence du délégué du Préfet.
Concours: quel lauréat ?
Parmi ces soupçons, les enquêteurs s’intéressent à un appel d’offres concernant la salle des fêtes de Cholet, en 2020. Pour ce chantier de 3,6 millions de travaux HT qui devait être l’un des projets phares du mandat, un concours restreint a été lancé auquel 105 agences d’architectures ont répondu. Le 6 février 2020, trois finalistes sont retenus – A Propos Architecture (Cholet-Nantes), Architecture Fardin (Cholet) et Forma6 (Nantes) – et, le 24 septembre, le jury se prononce finalement en faveur de l’agence nantaise Forma6. Or, c’est le projet de l’architecte choletais Jean-Michel Fardin qui est finalement retenu.
« J’ai regardé les projets de manière anonyme et ma préférence est allée au projet de l’architecte choletais, se défend Gilles Bourdouleix cité par le journal Le Monde. On a demandé de nouveaux éléments et, in fine, je l’ai proposé au conseil municipal – comme j’en ai le droit en tant que maire – et le conseil a voté. »
De fait, au final, le choix du lauréat revient au maître d’ouvrage, même si, dans la grande majorité des cas, ce dernier désigne généralement lauréat l’auteur du projet classé premier par le jury. Dans le cas contraire, le maître d’ouvrage « doit plus que jamais motiver sa décision qui ne pourra qu’être fondée sur les critères d’évaluation des projets » indique la Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques (MIQCP) qui rappelle toutefois que « la compétence du jury et l’organisation de ses travaux sont déterminants pour éviter ce cas de figure ». C’est finalement dans le cadre d’une enquête pour favoritisme et devant la justice que Gilles Bourdouleix devra donc motiver sa décision.