Le Lyon-Turin s’offre un tunnelier unique pour passer la frontière

La société franco-italienne Telt a réceptionné jeudi le quatrième tunnelier du Lyon-Turin chez son constructeur, l’allemand Herrenknecht. L’entreprise livre ici un engin exceptionnel à la mesure de sa mission : creuser le plus long linéaire du projet sous 2000 m de couverture.

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Trop long pour être assemblé en une seule pièce pour sa réception, le tunnelier a été monté en trois parties, les deux premières (ci-dessus) à l'usine Herrenknecht de Schwanau, la troisième sur le site de Kehl.

« Nous n’avons jamais eu une machine aussi longue en France et je n’avais encore jamais vu la combinaison d’une telle longueur et d’un diamètre aussi important ». Et pourtant il en a vu, des tunneliers, Frédéric Battistoni, directeur de projets chez Herrenknecht. Mais l’engin qui vient de sortir des ateliers de l’entreprise allemande est un modèle rare : 334 m de long, soit trois fois plus que les tunneliers du Grand Paris, 10,4 m de diamètre pour la roue de coupe et 3200 t. De plus, c’est un « gripper ».

Avancée en continu

Contrairement aux autres machines, il se déplace en prenant appui sur des patins pressés contre la paroi par des vérins. Il ne pose pas de voussoirs, mais du treillis soudé, des boulons à roche, du béton projeté ou des cintres, en fonction des besoins. « Il avance donc quasiment en continu », précise Jean-Jacques Vergnes, directeur de projet technique chez Herrenknecht. Un second engin de 650 m de long, le Würm (« ver » en allemand) passera derrière le tunnelier, une fois les convergences opérées, pour réaliser un coffrage glissant de 10 à 25 cm d’épaisseur tout au long de l’infrastructure.

Traverser la frontière

« Le choix de cette machine résulte de l’histoire du projet, avec le creusement des galeries de reconnaissance », indique Emmanuel Humbert, directeur adjoint Construction chez Telt. « C'est le premier des deux tunneliers qui traverseront la frontière, souligne Maurizio Bufalini, directeur général de Telt, symbole de notre projet qui relie l’Italie et la France et donne à l’Europe une infrastructure moderne et rapide ». Le deuxième tunnelier sera livré en février au groupement Elyot mené par Eiffage Génie civil avec Spie batignolles et les italiens Ghella et Cogeis. Les deux machines partiront du pied de la descenderie de Modane et s’avanceront de 3 km en Italie.

Zones non reconnues

Le lot attribué à Elyot comporte deux tubes de 18 km chacun et deux fois 7 km de creusement en méthode traditionnelle. « C’est la partie du tunnel de base qui sera la plus profonde avec plus de 2000 m de couverture dans le massif d’Ambin, à cheval sur la frontière », explique Loïc Thévenot, directeur des travaux souterrains chez Eiffage Génie civil qui souligne : « ce sont des zones qui n’ont pas été reconnues, aucun sondage n’est descendu aussi profond pour tenter d’extrapoler le comportement des roches que nous allons traverser ». Cette profondeur aura une autre conséquence : des températures de plus de 50°C qui ont nécessité la mise en place d’un système de refroidissement d’une ampleur inédite dans l’histoire du fabricant afin de maintenir l’atmosphère autour de 25°C.

Deux tunneliers pour l’Italie

Une fois livré le second tunnelier de ce lot, Herrenknecht aura encore deux engins à construire pour les travaux côté italien qui viennent de démarrer. Attribués à un groupement composé d’Itinera (mandataire), Ghella et Spie Batignolles, ils comprennent 28,5 km d’excavation depuis le chantier de la Maddalena, l’une des galeries de reconnaissance, à Chiomonte, jusqu’à Suse. 

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