Cest la combinaison des développements technologiques de la filière de traitement des effluents et du pouvoir d'épuration naturel des plantes sélectionnées, plus une touche esthétique et architecturale inédite pour de telles installations, qui font l'originalité de cette station d'épuration « nouvelle génération » ». C'est ainsi que Pascal Pluyaud, directeur régional Centre-Ouest de MSE (groupe Veolia) présente le concept de cette première installation du genre en France que son entreprise vient de réaliser au Lude (Sarthe).
Des bactéries dans les racines.
Inventé par la société hongroise Organica qui compte une dizaine de réalisations en Europe, le principe reconstitue un biotope végétal dans une serre de 235 m, posée comme un couvercle sur les bassins de traitement, les racines des plantes « trempant » dans la couche supérieure des eaux usées brassées et pompées au-dessous. Les bactéries qui se développent dans les systèmes racinaires achèvent le travail, éliminant nitrates et phosphore, responsables de l'eutrophisation des cours d'eau. Les polluants nourrissant les végétaux, ceux-ci n'ont plus besoin d'apport extérieur. L'entretien se limite à un passage par semaine pour éliminer feuilles et branches mortes. L'espace clos mais ventilé, bénéficie d'une brumisation à 7 bars déclenchée automatiquement pour maintenir une hygrométrie de 95 %, indispensable à la bonne santé des végétaux qui filtrent les effluents et les gaz produits par la décomposition des polluants organiques.
24 espèces végétales.
Des pare-soleil intérieurs se déploient sur toute la surface de la serre. Grâce à la chaleur dégagée par les 600 m d'effluents traités dans 6 bassins de 5 m de profondeur répartis en deux lignes au fonctionnement autonome, la température ne descend jamais en dessous de 6°C. Le bioréacteur végétal est ainsi maintenu en marche hiver comme été, les eaux usées passant dans les bassins par cycles successifs de désoxygénation, de traitements aérobie et anoxie. Le niveau est précisément contrôlé pour « baigner » les systèmes racinaires en séquences régulières. La station est calibrée pour traiter jusqu'à 2 100 m/j par temps pluvieux. Les jardiniers de l'entreprise Nature et Techniques de l'Environnement (NTE) d'Arnaud Fortin ont planté une première tranche de 250 végétaux fin décembre 2009. Le reste, des Canna turkheimii, le sera au printemps, saison propice pour cette plante à fleurs. Selon le principe de la culture hydroponique, les végétaux sont installés dans un lit artificiel, en l'occurrence des billes d'argile étalées sur 15 cm d'épaisseur dans 14 paniers rectangulaires de 3 m de long contenant de 9 à 12 plantes ou arbustes selon le calepinage d'Organica. Le système racinaire traverse cette couche pour trouver sa nourriture dans les effluents à dépolluer. Hibiscus moscheutus, Ficus pumila, Monstera deliciosa, Cyperus alternifolius. « ce sont des plantes d'intérieur bien spécifiques », note Arnaud Fortin. Elles alternent avec des bambous, des Phœnix canariensis, de la menthe aquatique, des carex. En tout, 24 espèces différentes.
Plus de compacité.
La commune du Lude a choisi de se doter d'une seconde station au procédé identique. En effet, si les végétaux fournissent non seulement un système naturel de filtration des eaux et des gaz fonctionnant à coût réduit, ils permettent également d'obtenir une installation plus compacte. Avec le réservoir tampon et la serre de séchage des boues de 680 m, la station occupe douze fois moins de surface au sol qu'un système extensif. Et elle s'insère aussi plus discrètement dans le paysage. -
