Le 15 avril 2019 au soir, Notre-Dame de Paris se consumait dans les flammes. En l'espace de quelques heures, le feu le disputait au plomb, à la pierre et au bois pour dévorer l'un des plus somptueux témoignages de l'esprit humain et du talent de maîtres d'œuvre portés par la foi. Sinistre présage ?
A une année de distance, un ennemi invisible, l'une des plus misérables créatures que la Nature ait enfantées, met à genoux la planète entière et confine la moitié de l'humanité à l'abri d'un danger d'autant plus hideux qu'il est sans visage. Tout se fige en un instant, et l'amer constat de Paul Valéry, au lendemain de la première guerre mondiale, résonne encore en nos consciences : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Pourtant, ni la guerre, ni la peste, ni le choléra, ni le feu nucléaire, avec leurs millions de morts et leurs cités vitrifiées, n'ont empêché la vie de triompher et l'humanité de toujours se relever pour bâtir un avenir plus désirable pour ses enfants.
Et c'est ainsi : le jour d'après viendra , comme il est toujours venu. Les blessures infligées aux villes et aux vivants, aux paysages et aux édifices, guériront. Et leurs cicatrices rappelleront aux architectes les plus célèbres, comme aux plus humbles des maçons et des charpentiers, qu'il est peut-être temps de faire et de penser la ville et l'habitat autrement.
L'épreuve du feu traversée, la pandémie surmontée et le vaisseau de pierre de Notre-Dame en son chantier arrêté - lui aussi confiné - nous apprendraient-ils enfin le sens du beau mot de résilience ?